Prenez soin d'un couloir de nectar
Le colibri ou le papillon qui voltige près de chez vous suit probablement un « couloir de nectar ». Certaines espèces empruntent des couloirs de migration s’étendant sur des milliers de kilomètres, tout en recherchant des plantes qui fleurissent de façon séquentielle — du nord au sud à l’automne, du sud au nord au printemps. Ces pèlerins pollinisateurs ont besoin de s’alimenter de nectar pour effectuer leurs longs vols.
En échange, ces espèces transportent à leur insu du pollen de fleur en fleur. Ce procédé, appelé fécondation croisée, assure la reproduction et le mélange génétique des plantes sauvages et des plantes cultivées.
Aujourd’hui, ce service essentiel est menacé par la pollution et les pesticides, ainsi que par la fragmentation des habitats résultant de l’aménagement d’industries, de parcs de stationnement et de centres commerciaux. Bon nombre de couloirs de nectar ne sont plus intacts. Les voyageurs doivent « passer d’un îlot à l’autre » dans des habitats épars qui contiennent peu de nourriture. Cette pénurie d’alimentation est une des principales causes de la réduction considérable des populations de pollinisateurs migrateurs.
Leur avenir et le rôle crucial de la pollinisation qui assure le maintien des collectivités naturelles et qui met des aliments dans notre assiette sont en jeu. C’est le temps de se montrer à la hauteur de la situation et de redonner la santé aux couloirs de nectar.
Voici ce que vous pouvez faire pour aider :
- Sensibilisez les gens à la valeur inestimable des pollinisateurs. Ayez recours à des affiches, des histoires, des poèmes, des discours et d’autres moyens pour passer le message.
- Découvrez s’il y a une halte importante pour les pollinisateurs dans votre région. Consultez un entomologiste de l’université locale ou votre ministère provincial ou territorial des ressources naturelles.
- Si le site est en danger, élaborez des stratégies d’amélioration de l’habitat, comme les projets pour pollinisateurs décrits ci-après.
- Adoptez la halte de migration et demandez aux autorités locales de déclarer que ce site est une réserve pour les pollinisateurs.
- Travaillez avec d’autres localités le long du même couloir. Échangez des renseignements, discutez des problèmes de conservation et collaborez à des projets pour pollinisateurs.
- Éliminez les pesticides de votre municipalité. Voir « Éliminez les pesticides de votre cour d’école et de votre localité » pour trouver des suggestions sur les moyens de persuader votre conseil municipal à imposer une interdiction visant l’usage d’insecticides et d’herbicides.
Postes de ravitaillement des pollinisateurs
Invitez les pollinisateurs dans la cour ou dans toute autre partie du terrain de l’école où même les papillons les plus braves n’osaient pas s’aventurer. Créez un poste de ravitaillement irrésistible en faisant pousser des fleurs sauvages regorgeant de nectar et de pollen dans toutes sortes de conteneurs. Projet idéal pour les écoles des vieux quartiers de la ville où l’espace et les fonds sont limités, le jardinage en conteneurs offre un habitat faunique à la fois riche et portatif — un festin mobile.
- Recueillez une variété de conteneurs de plantation. Utilisez des conteneurs commerciaux fabriqués de bois, de métal, de plastique, d’argile et de céramique ou des conteneurs recyclés fournis par les élèves. Tout récipient dans lequel vous pouvez mettre du terreau et assez grand pour permettre à une plante de pousser à l’aise — boîte de fer blanc, bidon de lait, vieux seau, mangeoire, corbeille à papier, brouette, voiturette rouillée, évier émaillé, demi-baril de whisky, cageot d’oranges revêtu de plastique à l’intérieur, boisseau ou tuyau de drainage placé verticalement — fera l’affaire.
- Percez des trous au fond des conteneurs. Une couche de cailloux permettra à l’eau de s’écouler. Remplissez les pots de terreau retenant l’humidité.
- Choisissez une variété de fleurs annuelles indigènes pour attirer une foule de pollinisateurs (voir « Plantes à pollinisateurs » ci après). Les vivaces doivent être plantées dans le sol ou conservées à l’intérieur pour survivre l’hiver.
- Placez les conteneurs dans des endroits ensoleillés de la cour, de préférence à l’abri du vent. Disposezles sur des planches reposant sur des blocs de béton, des étagères à plusieurs tablettes ou des « terrasses » en métal revêtu de plastique. Placez les gros récipients dans les coins. Suspendez des jardinières à des tonnelles, clôtures, balustrades, arches et aux murs. Des treillis supporteront des vignes plantées dans des pots, au sol.
- Arrosez les plantes régulièrement, surtout celles qui sont dans des petits conteneurs, jusqu’à ce qu’elles soient bien enracinées.
Une parcelle de fleurs dans la cour d’école
La superficie du terrain à votre disposition peut sembler trop minime pour faire une différence marquée à l’échelle planétaire, mais une parcelle d’un mètre carré de fleurs peut constituer une petite partie importante d’un couloir de nectar. C’est ici que le « jardinage bio-intensif » — faire pousser des fleurs sauvages très près les unes des autres dans des parcelles miniatures — entre en jeu.
- Choisissez un endroit bien drainé qui reçoit de six à huit heures d’ensoleillement par jour. Les deux côtés du trottoir menant à votre école, à une maison privée ou à une résidence pour des aînés sont d’excellents endroits. Si vous choisissez la résidence pour des aînés, vous pourriez faire équipe avec des personnes plus âgées par le biais du programme Jardins des années d’or de la Fédération Canadienne de la Faune.
- Pensez « petit ». Des jardins d’un ou deux mètres carrés répondent bien à vos objectifs.
- Délimitez votre parcelle avec de la ficelle, des briques ou préférablement avec du bois d’oeuvre. Une plate-bande surélevée fabriquée de bois d’aménagement paysager quatre sur quatre (non traité) offre plusieurs avantages : le jardin est protégé des piétons, mieux drainé, contient plus de terreau et est plus facile d’accès.
- Labourez la terre à 30 cm de profondeur ou plus. Puis, mélangez une partie de compost ou de fumier à deux parties de terre.
- Divisez la parcelle en 16 carrés, avec de la ficelle. Chaque carré contiendra une espèce différente de fleurs sauvages (voir « Plantes à pollinisateurs » ci-après).
- Plantez plusieurs semis ou pincées de graines dans chaque carré, en rangs serrés légèrement échelonnés.
- Arrosez le jardin régulièrement, surtout par temps sec.
Plantes à pollinisateurs
- Les colibris et les papillons porte-queue aiment les fleurs rouges de forme tubulaire, en cloche ou en trompette. Leurs préférées sont l’épilobe à feuilles étroites, l’ancolie, la sauge, l’hémérocalle, le chèvrefeuille de Virginie, la lobélie du cardinal, le pied-d’alouette, la liatride, le phlox et le géranium sauvage.
- Les meilleurs choix de nectar pour les papillons adultes sont l’apocyn, l’aster, l’asclépiade, la verge d’or, l’érigéron, le chardon, la pivoine, le lupin, le vesce et le phlox.
- De bonnes sources d’alimentation pour les chenilles de papillons comprennent le sédum, la violette, le trèfle, la marguerite jaune et la carotte sauvage.
- Les chenilles de monarques ne se nourrissent que d’asclépiades. Bien que l’asclépiade commune soit considérée comme une plante vénéneuse, il y a plusieurs autres plantes de cette famille — dont l’asclépiade tubéreuse, l’asclépiade rouge et l’asclépiade incarnate — qui offrent un bon abri aux larves des monarques. Demandez à un agent chargé de l’application des règlements locaux si ces plantes sont permises dans votre région.