L'Hirondelle rustique
Cet animal :
L’Hirondelle rustique (Hirundo rustica) est un passereau de taille moyenne (environ la taille d’un Moineau domestique). Sa longueur est de 15 à 18 centimètres, son envergure est de 29 à 32 centimètres et son poids est de 15 à 20 grammes. Ce n’est pas par sa taille, mais bien par son aspect que l’Hirondelle rustique se distingue! Les plumes de son dos et de sa queue présentent une couleur caractéristique bleu acier assortie de reflets irisés, son ventre est brun pâle ou rouille, sa gorge et son front sont marron. Sa longue queue fourchue et ses ailes pointues rendent également l’identification facile. Ce sont ces ailes, cette queue et la forme aérodynamique du corps qui permettent le vol rapide et acrobatique qui caractérise l’espèce. Les mâles et les femelles se ressemblent, mais les femelles ont habituellement des couleurs moins vives et une queue moins longue. Lorsque les Hirondelles rustiques sont perchées, elles ont un aspect presque conique en raison de leur tête courte de forme aplatie, de leur cou très court et de leur corps long. Signes et sons Comme tous les Hirundinidés (la famille des hirondelles), l’Hirondelle rustique est diurne – elle est active pendant la journée, de l’aube au crépuscule. Elle est agile en vol et peut faire de véritables acrobaties. Elle peut passer au ras de la terre ou de l’eau puis s’élever à plus de 30 mètres. L’espèce détient peut-être le record de vitesse des Hirundinidés, car on a enregistré des vitesses de près de 75 kilomètres-heure. Lorsqu’elle ne vole pas, l’Hirondelle rustique peut être observée sur des clôtures, des câbles, des antennes de télévision ou des branches mortes.
Autrefois, les Hirondelles rustiques nichaient sur des surfaces rocheuses abritées de la pluie, par exemple dans des grottes ou sur des falaises. Depuis l’arrivée des Européens en Amérique du Nord, la grande majorité d’entre elles préfèrent plutôt faire leur nid sur des constructions, notamment des granges, des garages, des ponts, des passages supérieurs, des ponceaux et des maisons. Elles peuvent choisir tout endroit relativement tranquille présentant une corniche pouvant supporter le nid ou une paroi verticale à laquelle le nid peut être fixé et où il sera protégé d’un surplomb. En Europe, cette association entre les humains et les hirondelles rustiques a commencé il y a plus de deux mille ans. Un couple peut nicher seul à un endroit donné, mais plusieurs couples peuvent également nicher au même endroit. Les colonies de nidification peuvent ne compter qu’une dizaine de couples, mais on a déjà observé des colonies réunissant jusqu’à soixante couples de manière plutôt espacée. Les Hirondelles rustiques défendent un territoire de quatre à huit mètres carrés autour de leur nid contre les prédateurs potentiels ou contre d’autres Hirondelles rustiques. Il arrive souvent que tous les membres d’une colonie défendent les lieux ensemble.
Certaines Hirondelles rustiques ont une relation intéressante avec des Balbuzards pêcheurs. Elles installent leur nid juste en dessous de celui des Balbuzards pêcheurs ou bien dans une partie abandonnée de ce nid. Cette cohabitation permet aux hirondelles de bénéficier de la protection des Balbuzards pêcheurs et ces derniers sont pour leur part ainsi avertis promptement de l’arrivée d’intrus par le cri d’alarme des hirondelles. Bien que les Hirondelles rustiques puissent aller chercher de la nourriture à plus d’un kilomètre du nid, elles bâtissent habituellement celui-ci à trois cent mètres ou moins de milieux où elles peuvent en trouver. Bien des types de lieux dégagés conviennent bien à l’alimentation des Hirondelles rustiques, notamment les parcs et terrains de balle situés en banlieue, les champs cultivés, les terrains herbeux, la toundra, les rives, les milieux humides, ainsi que les étendues d’eau douce ou d’eau de mer que les hirondelles peuvent survoler. Lors des migrations entre les régions où elles nichent et celles où elles hivernent, les Hirondelles rustiques volent en groupes importants réunissant parfois des milliers d’individus. Elles volent de jour et chassent en volant. Le trajet parcouru survole des étendues dégagées, longe des chaînes de montagnes, passe souvent près de cours d’eau ou de plans d’eau. Certaines franchissent des étendues d’eau salée, par exemple le golfe du Mexique. Pendant l’hiver, les Hirondelles rustiques restent en grands groupes dans des milieux très variés, des savanes aux champs de canne à sucre. Elles ont tendance à éviter les lieux où la végétation est soit très dense, par exemple les forêts, soit rare ou absente, par exemple les déserts.
L’Hirondelle rustique est l’une des espèces d’oiseaux terrestres les plus communes et les plus répandues du monde. On la trouve sur tous les continents, à l’exception de l’Antarctique. Elle niche dans l’ensemble de l’hémisphère Nord, au sud de la limite forestière et jusqu’à des altitudes de 3000 mètres. D’après les estimations, la population totale d’Hirondelles rustiques compte plus de 190 millions d’individus, répartis en six sous-espèces. Les Hirondelles rustiques de quatre sous-espèces se rendent jusque dans l’hémisphère Sud pour la période hivernale; ce sont de grandes migratrices. Celles de la sous-espèce nord-américaine appartiennent à ce groupe : elles nichent dans l’ensemble du Canada, des États-Unis et du Nord du Mexique et migrent jusqu’en Amérique centrale et en Amérique du Sud. Certains individus se rendent jusqu’à l’extrémité sud du continent, mais la plupart s’arrêtent dans les plaines orientales de l’Amérique du Sud. Cependant, comme ces oiseaux sont très nomades et ont tendance à se déplacer à des endroits différents pour se joindre à d’autres groupes à n’importe quel moment, il est difficile de savoir où les individus d’une aire de nidification donnée se rendent en hiver.
Environ 2 450 000 couples d’Hirondelles rustiques passent leur saison de nidification, de la fin d’avril au début de novembre, au Canada, mais la plupart ne sont pas au Canada de septembre à avril. Dans certaines régions septentrionales, les hirondelles commencent leur migration vers le sud dès la fin de juillet. On en retrouve dans l’ensemble des provinces et des territoires, excepté au Nunavut, où l’on en voit rarement.
Comme les autres hirondelles, les Hirondelles rustiques sont des insectivores aériens : leur alimentation se compose d’insectes volants, attrapés le plus souvent en vol. À 99 p. 100, ce sont des mouches, des criquets, des libellules, des coléoptères, des abeilles, des guêpes, des papillons de nuit et d’autres insectes qui composent leur alimentation. Il arrive souvent que les hirondelles suivent la machinerie agricole afin d’attraper les insectes dérangés par les travaux ou bien qu’elles chassent autour des animaux d’élevage, car elles peuvent s’attendre à y trouver de nombreuses mouches. Dans l’ensemble, elles préfèrent attraper une grosse proie à la fois, plutôt que plusieurs petites, et elles l’avalent en vol. Elles peuvent également nourrir leurs oisillons et boire de l’eau en volant!
À l’arrivée des Hirondelles rustiques dans leurs aires de nidification, des couples d’adultes reproducteurs se forment. Les mâles procèdent à la parade nuptiale auprès des femelles : ils chantent et montrent la queue. En Europe, les femelles choisissent leur partenaire en examinant la symétrie et la longueur de la queue et des ailes, car ces caractéristiques sont plus communes chez les oiseaux qui vivent longtemps. En Amérique du Nord, cependant, c’est la couleur des mâles qui influence le choix des femelles. Une fois formés, les couples restent unis pendant toute la saison de nidification; l’espèce est ainsi monogame sur le plan social. En réalité, les accouplements de l’un ou l’autre partenaire avec d’autres individus sont courants, et l’espèce est donc polygame sur le plan génétique. Il arrive que les couples dont l’union a été féconde se reforment lors de plusieurs saisons de nidification subséquentes. Les adultes qui n’ont pas formé de couple peuvent parfois aider un couple pendant l’été; ils contribuent alors à la défense et à la construction de leur nid, ainsi qu’à l’incubation des œufs.
Comme les Hirondelles rustiques disposent d’un plus grand nombre d’endroits convenant à leur nidification et à leur alimentation depuis la colonisation européenne, les chercheurs croient très probable qu’elles soient plus nombreuses qu’auparavant. Leur population connaît néanmoins, comme celles de bien d’autres espèces d’insectivores aériens, une décroissance importante (d’environ 76 p. 100 dans l’ensemble) qui a commencé au milieu de la décennie 1980-1990 au Canada. Les chercheurs n’en comprennent pas complètement les causes, mais les périls auxquels les Hirondelles rustiques sont exposées au Canada comprennent vraisemblablement la perte d’habitat qu’a entraînée l’avènement des techniques et des bâtiments de l’agriculture moderne (il y a moins de granges ouvertes qu’avant), la destruction de nids par des gens, l’utilisation de pesticides qui éliminent les proies que représentent les insectes de certaines espèces et les vagues de froid qui doivent être affrontées plus fréquemment au printemps à cause du retour et de la nidification devancés que tend à entraîner le changement climatique. En plus de ces périls, il se peut que la population d’hirondelles soit affectée par des acariens et d’autres parasites qui infestent des nids et obligent ainsi les parents à abandonner leurs œufs ou leurs oisillons, ou bien par la compétition avec d’autres espèces d’oiseaux, notamment le Moineau domestique, une espèce non indigène, pour les lieux de nidification. Certains de ces périls ont probablement également des répercussions sur l’espèce pendant sa migration, ainsi que dans les lieux d’hivernage. Afin de mettre un frein à la décroissance de la population canadienne d’Hirondelles rustiques, les chercheurs doivent parvenir à une meilleure connaissance de cette décroissance et de ses causes. C’est pourquoi un projet de l’Université Dalhousie, financé en partie par la Fédération canadienne de la faune, teste des hypothèses afin de trouver les causes exactes de la raréfaction des hirondelles. Des scientifiques d’Environnement Canada surveillent la situation d’hirondelles dans leur période de nidification et étudient les effets qu’ont sur elles les changements météorologiques et les changements dans l’aménagement du territoire. Ils étudient également les « empreintes chimiques » des plumes (les molécules des plumes d’un oiseau diffèrent d’un endroit à l’autre) et utilisent des géolocalisateurs pour mieux connaître les voies migratoires et les aires d’hivernage.
Plusieurs possibilités s’offrent à vous pour aider l’Hirondelle rustique! Comme les chercheurs ne peuvent être partout à la fois, ils ont besoin d’observateurs supplémentaires qui recueilleront des données précieuses sur l’espèce. Vous pouvez ainsi participer utilement au programme de surveillance des nids d’Hirondelles rustiques d’Études d’Oiseaux Canada; les participants font régulièrement des relevés de renseignements sur des nids d’hirondelles pendant la saison de reproduction.
Réviseurs scientifiques Mike Cadman, biologiste, Service canadien de la faune Keith Hobson, biologiste, Service canadien de la faune Nancy Mahony, biologiste, Service canadien de la faune Kristyn Richardson, biologiste, Études d'oiseaux Canada Ressources en ligne Oiseaux.net, Hirondelle rustique Environnement Canada, Hirondelle rustique Gouvernement de l'Ontario, Hirondelle rustique © Sa Majesté la Reine du chef du Canada, représentée par le ministre de l’Environnement, 2015. Tous droits réservés. |