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Fédération canadienne de la fauneEnvironnement et Changement climatique Canada
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Description

Le Grand Héron (Ardea herodias) est le plus grand héron du Canada. Les adultes mesurent plus d’un mètre le cou allongé et ils pèsent environ 2,5 kg.

Cet oiseau donne une impression générale de longueur filiforme. Ailes, cou, bec et pattes sont tous longs. Ses mouvements sont dictés par ses longs membres : il vole par battements d’ailes amples et lents et, sur la terre ferme ou dans l’eau, il marche bien droit en faisant de longues enjambées. En vol, le Grand Héron a le cou replié, la tête appuyée contre les épaules, et ses longues pattes tenues bien droites vers l’arrière.

Oiseaux en vol

Chez le Héron adulte, le dessus de la tête est blanc avec, de chaque côté, une bande noire qui s’étend depuis les yeux jaunes jusqu’aux plumes noires effilées à l’arrière de la tête. Le dos est d’une coloration bleu grisâtre, et la poitrine est blanche striée de noir. Les Hérons reproducteurs ont de longues plumes sur la poitrine, les flancs et le dos. Les oiseaux des deux sexes se ressemblent beaucoup, mais les mâles sont habituellement plus gros que les femelles.

De la naissance jusqu’à l’âge de deux ans, le Grand Héron traverse quatre périodes de mue, pendant lesquelles un nouveau plumage vient remplacer l’ancien. La première année suivant leur éclosion, les juvéniles ont une couronne grise et des ailes grises parsemées de taches brunes, et ils ne portent pas encore de grandes plumes. Pendant la saison de reproduction, les Grands Hérons adultes ont un plumage plus coloré, ils perdent une partie de leurs plumes en été et, en hiver, leur plumage devient plus neutre.

Le Grand Héron vit longtemps, parfois jusqu’à l’âge de 17 ans.

Signes et sons

Généralement silencieux, le Grand Héron n’en possède pas moins un répertoire de bruits. Il lance un frawnk en cas d’alerte dans les colonies de reproduction, un appel guuu à la fin d’une parade nuptiale, un cri en ii, à l’occasion, pendant le vol, et parfois une série de gloussements lorsqu’il est en quête de nourriture. Le Héron émet aussi un roh-roh-roh en s’approchant du nid, peut-être pour annoncer son arrivée.

Pendant la parade nuptiale, le mâle produit des bruits de claquement avec son bec. Lorsqu’elle s’approche de mâles non accouplés, de même qu’après avoir formé un couple, la femelle fait claquer son bec. Il arrive souvent aussi que les oiseaux d’un couple se donnent mutuellement de petits coups rapides sur les côtés du bec.

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Habitat et habitudes

Les Grand Hérons cherchent leur nourriture dans les milieux marins côtiers et dans des habitats d’eau douce, mais ils font leurs nids sur des îles ou dans des marécages boisés où peu de mammifères ou de couleuvres peuvent s’attaquer à eux. Les couples nichent parfois seuls, mais ils le font souvent en colonies comptant entre une douzaine et quelques centaines de couples. Les scientifiques ne savent pas exactement pourquoi certains Hérons choisissent d’être sociables et d’autres pas. Il semble que la vie en colonie offre des avantages, dont une défense plus efficace des nids et une meilleure chance de découvrir des bancs de poissons en déplacement. Une fois qu’un Héron a trouvé une aire riche en nourriture, d’autres congénères peuvent se joindre à lui.

Caractéristiques uniques

Le Grand Héron possède un riche répertoire d’expressions gestuelles. Il en affiche quelques-unes sur les sites d’alimentation, par exemple, lorsque deux Hérons s’approchent l’un de l’autre, le cou complètement allongé, la tête penchée vers l’arrière, les ailes partiellement déployées et le plumage hérissé. Dans d’autres cas, les Hérons lissent leur plumage, allongent le cou et inclinent la tête à gauche et à droite de façon à pouvoir regarder vers le haut, une posture qu’ils utilisent souvent quand des prédateurs et d’autres Hérons volent au-dessus de l’aire d’alimentation. Parfois, le Héron donne des coups de bec en direction d’un rival et des « duels de becs » éclatent, chaque Héron tentant de saisir la tête de l’autre dans son bec.

Un autre ensemble d’expressions sont utilisées lorsqu’un des partenaires rentre au nid. L’oiseau qui arrive pousse souvent un cri particulier de salutation et celui au nid l’accueille de diverses manières. Quelquefois, le mâle apporte des brindilles à la femelle au nid. La femelle se livre alors à une gestuelle et accepte les brindilles, puis le mâle donne de petits coups sur les côtés du bec de la femelle pendant qu’elle place les brindilles dans le nid.

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Aire de répartition

Répartition du Grand Héron

Répartition du Grand Héron

De tous les hérons du Canada, le Grand Héron est celui dont l’aire de répartition est la plus vaste. Elle englobe les provinces Maritimes à l’est et s’étend sur tout le Sud du Canada jusqu’à l’océan Pacifique à l’ouest, où elle remonte vers le nord en couvrant la côte entière de la Colombie- Britannique jusqu’au détroit du Prince- William, en Alaska, dans l’ouest. Le Grand Héron se reproduit dans toutes les provinces sauf à Terre-Neuve-et-Labrador, mais il n’hiverne au Canada que sur la côte de la Colombie-Britannique et dans certaines parties des provinces Maritimes. La plupart des Hérons passent l’hiver dans le Sud; des Hérons bagués ont été observés au Mexique, au Honduras et à Cuba. On trouve aussi des colonies de Grands Hérons en Colombie, au Venezuela et sur les îles Galapagos (Équateur).

Les Grand Hérons migrent seuls ou en groupes de trois à douze et même parfois d’une centaine d’oiseaux. Ils volent jour et nuit. Les migrateurs du printemps regagnent presque tous leurs emplacements au Canada en avril. Pendant l’été, certains s’envolent vers le nord jusque dans l’Alaska arctique, le Sud du Yukon et le Nord du Manitoba, de l’Ontario et du Québec. Ils migrent vers le sud de la mi-septembre à la fin d’octobre.

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Alimentation

Le Grand Héron se nourrit principalement dans les eaux douces calmes et le long des bords de mer. Il trouve parfois de la nourriture dans les zones de brisants et dans les champs.

Sa nourriture principale consiste en de petits poissons qui mesurent moins de la moitié de la longueur de son bec, ou moins de 65 mm. À l’occasion, il mange aussi des mollusques et crustacés, des insectes, des rongeurs, des amphibiens (surtout des grenouilles), des reptiles et des petits oiseaux.

Pour pêcher, le Grand Héron emploie deux techniques principales. La première consiste à rester immobile, le cou tendu formant un angle d’environ 45 degrés avec la surface de l’eau. Seuls la tête et les yeux bougent pour repérer la proie. Si, après quelques minutes, aucun poisson n’est venu à sa portée, le Héron se déplace lentement et reprend sa position un peu plus loin. Lorsqu’une proie s’aventure assez près, il replie lentement son cou et avance une patte dans sa direction. Soudainement, il détend son corps entier et la tête plonge vers la proie, qui est capturée par le bec et avalée, hors de l’eau, dans un mouvement adroit de la tête, qui la fait tomber tête première dans le gosier de l’oiseau.

Selon la deuxième technique, le Héron patauge lentement dans quelque 15 à 25 cm d’eau, jusqu’à ce qu’il arrive à faire sortir un poisson de sa cachette. Le Héron s’immobilise et allonge lentement le cou. Lorsque la proie se trouve à sa portée, il détend tout son corps et plonge la tête dans l’eau pour attraper le poisson. La proie avalée, le Héron reprend sa marche. S’il ne trouve pas suffisamment de poissons dans un secteur, il s’envole et recommence à pêcher un peu plus loin.

Lorsque la proie capturée est trop grosse pour être avalée d’un trait ou qu’elle est pourvue d’épines dangereuses, le Héron la laisse tomber dans l’eau et la saisit violemment avec son bec en la secouant autant de fois qu’il le faut pour l’étourdir ou casser les épines, de manière à pouvoir l’avaler plus facilement. Un Héron capture parfois deux poissons du même coup.

Il existe aussi d’autres techniques, plus rarement observées. Il peut arriver que des Grands Hérons en vol plongent sous l’eau pour capturer des poissons. D’autres planent au-dessus de l’eau et plongent la tête pour attraper des proies. Enfin, certains nagent en eau profonde et se nourrissent de poissons qui se tiennent près de la surface.

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Reproduction

Ardea herodias

Ardea herodias
Photo: USFWS

Au printemps, mâles et femelles arrivent à peu près en même temps aux sites de nidification, dès que les cours d’eau locaux ont dégelé, c’est-à-dire vers la fin de février dans l’Ouest du Canada et vers la fin de mars dans l’Est du pays. L’aire de nidification se trouve habituellement dans des terres boisées. Celles-ci sont situées à quelques kilomètres de l’aire principale d’alimentation de l’oiseau et sont relativement inaccessibles aux humains et aux prédateurs terrestres. Le mâle choisit l’emplacement du nid, la plupart du temps à un endroit où se trouvent déjà de vieux nids. Chaque mâle défend alors son territoire dans l’arbre où il compte construire un nouveau nid ou restaurer un nid existant. De là, il parade et pousse des cris stridents à l’approche des femelles. Les Hérons s’accouplent pour la première fois à l’âge de deux ans et ils changent de partenaire chaque année. Ils s’accouplent presque immédiatement à leur arrivée à l’aire de nidification.

Vient ensuite le moment de construire le nid. Le mâle ramasse des matériaux aux alentours du site de nidification, dans des arbres morts ou vivants, dans des nids voisins ou sur le sol, et les apporte à la femelle, qui s’en sert pour aménager le nid. Les nids nouvellement construits ressemblent à de délicates plates-formes de branches sèches entrelacées, tandis que les vieux nids ont un aspect plutôt massif et sont de tailles variées. Ordinairement, le nid a un diamètre d’environ un mètre et est doté d’une cavité centrale, de 10 cm de profondeur et de 30 cm de diamètre, que les Hérons tapissent parfois de brindilles, de mousse, de lichen ou d’aiguilles de conifères. Normalement, un couple de Hérons met moins d’une semaine à construire un nid assez solide pour que les œufs puissent y être pondus et couvés. L’ajout de brindilles se produit le plus souvent avant la ponte, mais également après.

Au Canada, la plupart des Hérons pondent de trois à cinq œufs, en avril. L’incubation, ou réchauffement des œufs, est assurée par les deux partenaires. Elle commence dès la ponte du premier ou du deuxième œuf et dure environ 28 jours. Le mâle couve les œufs le jour, et la femelle les couve la nuit.

Les œufs éclosent habituellement à la période où la nourriture est la plus abondante. Les parents se mettent immédiatement à nourrir les petits et à les garder au chaud, ou à les couver, et ce, continuellement pendant la première semaine. Les adultes couvent moins par la suite, mais la présence d’un adulte au nid est presque incessante pendant encore une ou deux semaines. Le mâle surveille le nid le jour pendant que la femelle part en quête de nourriture. La nuit, les rôles sont inversés. Vers la troisième ou quatrième semaine, les deux parents commencent à laisser les héronneaux seuls, sans surveillance, pendant qu’ils cherchent de la nourriture dans les environs. Après le premier mois, le couple passe la majeure partie de son temps hors de la colonie, n’y revenant que pour nourrir les petits et assurer de courtes périodes de guet.

 

Le nourrissage des petits est une activité tapageuse. Lorsqu’un adulte arrive à la héronnière, il émet habituellement un cri guttural et sourd. Les jeunes crient sans arrêt et se prennent mutuellement le bec. Il est rare que l’adulte aille les retrouver directement. Il va plutôt se poser à quelques mètres du nid. Après cinq minutes environ, il se rend au nid et régurgite la nourriture prédigérée. Les héronneaux les plus vieux et les plus forts s’approprient la plus grosse part en agrippant le bec de l’adulte et en y saisissant les aliments avant qu’ils ne touchent le fond du nid.

Si la nourriture n’est pas assez abondante pour satisfaire l’appétit grandissant de toute la nichée, seuls les plus vigoureux survivent. Les héronneaux chétifs s’affaiblissent peu à peu, si bien qu’ils finissent par tomber du nid, bousculés par leurs compagnons avides d’espace pour étendre leurs ailes. Au sol, les héronneaux tombés sont condamnés à mourir de faim, car les adultes ne nourrissent pas les petits qui sont à l’extérieur du nid.

Les héronneaux se développent rapidement. À l’âge de deux semaines, entre les périodes de sommeil, ils nettoient leur plumage, se tiennent debout les ailes à demi ouvertes ou font vibrer la membrane élastique de leur gorge pour se rafraîchir. Dès l’âge de six semaines, ils ne dorment presque plus durant l’absence des parents; ils s’entraînent plutôt en prévision de leur premier vol. Ils marchent le long des branches qui entourent le nid, sautent en battant des ailes ou s’agrippent à une branche avec leurs griffes et tentent de la soulever par la seule force de leurs battements d’ailes.

À l’âge de huit semaines, les jeunes volent maladroitement d’un arbre à l’autre, mais reviennent toujours au nid pour se faire nourrir. Il arrive souvent qu’un héronneau aille dans un nid qui n’est pas le sien, ce qui occasionne des combats entre les occupants et l’intrus. Fort probablement, cet intrus sera plus développé que les petits qui sont dans leur nid et il parviendra à se faire une place, parfois après avoir fait tomber un des occupants au sol. Dans ce cas, l’intrus sera finalement chassé par un des adultes revenant au nid. Vers leur dixième semaine, les jeunes quittent le nid pour de bon et ne dépendent plus de leurs parents. Un couple de Hérons peut élever entre un et quatre héronneaux, mais la plupart du temps, il en élève deux ou trois.

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Conservation

Les Grands Hérons adultes ont peu d’ennemis naturels. Des accipitridés les attaquent à l’occasion, et les corneilles, les corbeaux, les mouettes et goélands, les oiseaux de proie et les ratons laveurs s’attaquent aux œufs et aux petits. Les petits ont d’ailleurs un taux de mortalité élevé, mais souvent pour des raisons autres que la prédation.

Les pluies intenses et le froid en période de couvaison entraînent de graves conséquences. En outre, lorsque la nourriture est rare, les héronneaux les plus faibles doivent souvent s’en passer et meurent lentement de faim. On soupçonne aussi que les pesticides sont cause d’infertilité et de décès, mais les données obtenues jusqu’ici ne permettent pas de croire que les produits chimiques toxiques aient fait baisser le niveau de l’ensemble des populations.

Par le passé, un grand nombre de Hérons étaient victimes des chasseurs. Aujourd’hui, l’une des causes les plus fréquentes de l’échec de la reproduction est la perturbation causée par les accipitridés et les humains; les Hérons sont particulièrement sensibles aux perturbations pendant qu’ils couvent. Les scientifiques sont d’avis que, en règle générale, il ne devrait y avoir aucune exploitation humaine dans un rayon de 300 m autour d’une colonie de Hérons et aucune perturbation au sein ou aux environs des colonies, du mois de mars au mois d’août.

L’assèchement des marais et la destruction d’autres retraites favorites du Grand Héron mettent en péril la survie de l’espèce. Le nombre de Hérons qui se reproduisent dans une région dépend directement de la quantité d’aires d’alimentation qui s’y trouvent.

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada a désigné la sous-espèce du Grand Héron, population de la côte du Pacifique, comme étant préoccupante.

Dans l’ensemble, la population de Grands Hérons est saine. Les scientifiques estiment qu’il existe au Canada des dizaines de milliers de Grand Hérons.

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Ressources

Ressources en ligne

Heron Working Group (en anglais seulement).

Service canadien de la faune, Espèces en péril
Utiliser la fonction de recherche pour trouver des renseignements sur le Grand Héron.

Ressources imprimées

DELAUNOIS, A. Les oiseaux de chez nous (2e éd. rév. et corr.), Saint-Lambert (Québec), Éd. Héritage inc., 1990, p. 28 et 29.

DESGRANGES, J.-L. Le Grand Héron au Québec, Les carnets de zoologie, Société zoologique de Québec, Charlesbourg (Québec), 1979, 39(2) : 20-23.

GODFREY, W.E. Les oiseaux du Canada (éd. rév.) Musées nationaux du Canada, réimprimé en 1989, LaPrairie (Québec), Éditions Marcel Broquet, en collaboration avec le Musée national des sciences naturelles, 1986.

ROBITAILLE, J. Une héronnière, Les carnets de zoologie, Société zoologique de Québec, Charlesbourg (Québec), 1973, 33(1) : 4-9.

SAVAGE, C. Ces merveilleux oiseaux du Canada, Montréal (Québec), Éd. La Presse, 1985.

©Sa Majesté la Reine du chef du Canada, représentée par le ministre de l’Environnement, 1979, 1993, 2003, 2005. Tous droits réservés.
No de catalogue CW69-4#104-2003F-IN
ISBN 0-662-89124-4
Texte : J.-L. DesGranges
Révision scientifique : R.W. Butler, 1990, 2002
Révision : Maureen Kavanagh, 2002, 2005 
Photo : G. Beyersbergen