La forêt pluviale côtière du Canada
- Les forêts pluviales du monde ont été décrites comme les « poumons de la Terre » en raison de leur production d'oxygène.
- La forêt pluviale côtière du Canada diffère d'autres forêts pluviales tempérées parce qu'elle comporte davantage de conifères que de feuillus.
- Notre forêt pluviale côtière est l’une des zones non tropicales les plus humides au monde!
Description
Les forêts pluviales couvrent moins de 10 pour cent des zones terrestres de la planète. Bien que cette surface soit assez faible à l'échelle mondiale, le rôle joué par cet écosystème est important : les forêts pluviales comptent parmi les régions les plus productives de la Terre. Pour être productive, une zone doit avoir un taux élevé de transformation des nutriments et d’énergie en croissance ou biomasse. La végétation absorbe le carbone atmosphérique ainsi que la lumière du soleil, produisant ainsi des sucres au sein de leurs feuilles, selon un processus appelé photosynthèse. Ce processus permet la libération d'oxygène et la soustraction d’une grande quantité de dioxyde de carbone, un gaz à effet de serre, dans l’atmosphère. La végétation des forêts pluviales est responsable de près du tiers de la production mondiale d'oxygène. De plus, entre 40 et 75 pour cent des espèces biotiques (ou vivantes) dans le monde vivent dans les forêts pluviales, leur donnant une biodiversité étonnante.
Comme l'indique le terme « forêt pluviale », les forts taux de précipitations (surtout sous forme de pluie) sont communs à toutes ces forêts, ce qui les rend très denses et vertes. Il existe deux sous-catégories de forêts pluviales : tropicales et tempérées. Les forêts tropicales humides sont plus proches de l'Équateur, tandis que les forêts pluviales tempérées se trouvent à des latitudes situées entre les deux tropiques et les deux cercles polaires. L’emplacement des forêts pluviales tempérées explique qu’elles soient plus fraîches, moins pluvieuses, de moindre biodiversité, et que la décomposition (lorsque la matière est vivante, ou organique, elle est transformée en matière inorganique, comme le sol) y soit plus lente, que leurs homologues tropicales.
Bien qu'elles représentent moins de cinq pour cent de toutes les forêts tempérées (qui comprennent les forêts mixtes, entre autres), les forêts pluviales tempérées se trouvent à plusieurs endroits autour du globe : en Amérique du Sud, en Europe, en Asie, en Australie et en Nouvelle-Zélande. Il existe trois zones de forêt pluviale en Amérique du Nord : une petite le long de la chaîne des Appalaches, aux États-Unis, celle de l’arrière-pays à l’est de la Colombie-Britannique, et une zone beaucoup plus grande qui forme une bande étroite le long de la côte de l'océan Pacifique, de l'Alaska à la Californie. Les conditions nécessaires au maintien de cette forêt sont principalement dues à la présence de l'océan Pacifique, ce qui en fait une forêt pluviale tempérée côtière. Environ 70 000 km2 de cette forêt se trouvent au Canada. Cela signifie que près de la moitié de la forêt pluviale côtière d'Amérique du Nord, et près de 25 pour cent des forêts pluviales tempérées du monde, se trouvent en Colombie-Britannique!
La forêt pluviale côtière en Colombie-Britannique, Canada
Cette forêt (qui est connue sous le nom de Coastal Western Hemlock biogeoclimatic zone, ou zone biogeoclimatique côtière de la pruche de l’Ouest, en Colombie-Britannique) peut prospérer à partir du niveau de la mer, à proximité du rivage, jusqu'à 900 m d'altitude, où commence la forêt subalpine. Le climat y est tempéré toute l'année, avec des étés frais et des hivers doux (les températures chutent rarement en dessous du point de congélation). Sur la côte, les vents humides provoqués par les courants océaniques chauds se refroidissent à mesure qu'ils sont poussés en altitude par les montagnes de la Cordillère occidentale. Ils apportent 1,5 à 3,5 m de pluie chaque année, faisant figurer la forêt pluviale tempérée côtière de la Colombie-Britannique parmi les zones non tropicales les plus humides au monde! Étant donné que l’essentiel des précipitations se produit en hiver, certaines zones forestières près des rivages demeurent humides durant l'été grâce aux arbres qui extraient l'eau de l'air brumeux, créant des gouttes qui s'écoulent des arbres. Ces taux élevés de précipitation et d’humidité, combinés avec la neige fondue des montagnes au printemps, créent d’innombrables lacs, cours d'eau, terres humides et rivières qui s’écoulent jusqu'à la mer. Dans des zones plus sèches, par exemple sur la pente est des montagnes de l’Île de Vancouver, la forêt pluviale côtière fait place à une forêt ombragée des précipitations, où il pleut beaucoup moins.
En Amérique du Nord environ 350 espèces de vertébrés (dont 48 espèces d'amphibiens et de reptiles), 25 espèces d'arbres, des centaines d'espèces de plantes, de champignons et de lichens, et des milliers d'invertébrés et d'autres organismes du sol se trouvent dans la forêt pluviale tempérée côtière. Plusieurs de ces espèces habitent la forêt pluviale tempérée côtière de la Colombie-Britannique.
Végétaux et champignons
Tronc d'arbre couvert de bryophytes
Les centaines de types de végétation vivant dans l’écosystème donnent à a forêt pluviale tempérée côtière de la Colombie-Britannique d'innombrables nuances de vert. Cependant, on n’y retrouve qu’un nombre relativement faible d'espèces d'arbres. Seules quelques espèces d'arbres peuvent pousser dans la forêt pluviale côtière, en partie parce que leurs graines doivent être en mesure de se régénérer avec les faibles niveaux de lumière causés par le couvert forestier, ce que de nombreuses espèces ne peuvent faire. La forêt se compose de nombreux conifères, ces arbres dont les feuilles sont des aiguilles, tels la pruche de l’Ouest, le cyprès jaunes, le thuya géant, le douglas de Menzies, le sapin gracieux et l’épinette de Sitka. Ces arbres sont bien adaptés à la réduction des heures de jour en hiver. Ils demeurent verts et conservent leur feuillage qui leur permet d’effectuer leur photosynthèse tout au long de l'année. Ces espèces distinguent cette forêt des forêts tropicales humides, qui comportent souvent des centaines d'espèces d'arbres, mais aussi des autres forêts pluviales tempérées, dans lesquelles poussent davantage d’arbres à feuilles caduques (feuillus) que de conifères. Les arbres de notre forêt pluviale côtière forment souvent un couvert élevé, et certains peuvent atteindre 60 à 70 m de hauteur. Dans les zones balayées par le vent, plus près de la côte et dans les tourbières, la plupart des arbres sont plus courts et noueux. Les différences dans les espèces et la taille des arbres dépendent de facteurs comme la qualité du sol, l'altitude, la pente des collines et l’exposition aux vents.
Ces arbres sont souvent couverts de mousses ou d’autres bryophytes, comme des hépatiques. Les bryophytes ne disposent pas de grandes tiges ou de tronc qui leur permette de se développer en hauteur; elles doivent pousser sur des surfaces solides, comme des roches, des sols compacts ou du bois. Elles n'ont également ni fleurs ni graines, et dépendent de la présence d'eau ou d'humidité élevée pour se reproduire et se disperser. C'est pourquoi elles sont abondantes dans la forêt pluviale côtière. Des lichens se trouvent également sur les arbres et les rochers de cet écosystème.
Les couverts d'arbres épais et inégaux qui dominent la forêt pluviale côtière peuvent ne laisser que peu de lumière du soleil atteindre le sol forestier, si bien que le sous-bois doit s'adapter en conséquence. En effet, le sol est principalement recouvert de plantes qui ne nécessitent pas beaucoup de lumière, comme des fougères; mais certaines plantes à fleurs, comme les bleuets, les airelles à petites feuilles et la gaulthérie shallon (ou salal), peuvent aussi se développer dans ces conditions. De petits arbres poussent aussi à l'ombre des grands conifères. Afin de profiter de la lumière du soleil, certaines plantes épiphytes poussent sur l’écorce et les branches des arbres, où la lumière est plus facilement disponible qu’au sol.
Étant donné que les perturbations naturelles catastrophiques (comme les tempêtes de vent, les incendies de forêt et les glissements de terrain) sont peu communes, certaines parcelles sont demeurées intactes et sont devenues des forêts anciennes, comptant quelques arbres âgés de 1000 ans! Plus de la moitié de la forêt pluviale côtière est constituée de forêts anciennes, avec de grands arbres âgés de plus de 250 ans. Mais lorsque les arbres tombent ou meurent, ils laissent des billes ou des chicots permanents qui deviennent une source de nourriture pour des milliers de champignons et d’invertébrés qui contribuent à la décomposition de la matière organique morte. La présence de débris ligneux (provenant du bois) peut également contribuer à la croissance de nouveaux semis en créant des conditions appropriées. Ces billes, appelées « billes pouponnières », peuvent en effet fournir des conditions plus ensoleillées (vu l’élévation) et humides propices à la germination. Aussi, certains chicots fournissent un abri à certains oiseaux et mammifères qui vivent dans les cavités dans les arbres, ou cavicoles. Comme la décomposition est lente (du moins par rapport aux régions tropicales), et vu l’absence de vers de terre ou de d’autres invertébrés capables de mélanger la matière organique au sol minéral inorganique, une couche profonde de matière organique en décomposition constitue la couverture morte, ou le plancher forestier. À cause de cette absence de mélange, la majorité des éléments nutritifs, tels l’azote, sont rares dans le sol et donc ne sont pas facilement accessibles aux plantes. C’est pourquoi certains arbres forment une association symbiotique avec des champignons, appelés mycorhizes, dans leurs racines. Ces champignons, qui sont des décomposeurs, rendent les éléments nutritifs accessibles aux racines. Plusieurs autres espèces de champignons rendent aussi ces éléments disponibles aux plantes en décomposant la matière organique directement sur les débris, rendant la forêt riche en espèces fongiques.
Les zones situées à la lisière de la forêt, comme le long des lacs et des rivières, et les trouées laissées par les arbres tombés, peuvent permettre à davantage de lumière d’éclairer le tapis forestier. Les quelques espèces d'arbres feuillus qui poussent dans l'écosystème sont souvent confinées à ces zones et aux zones moins humides, car elles sont plus susceptibles de s'épanouir dans les zones ensoleillées. Les érables grandifoliés, les aulnes rouges et les peupliers occidentaux sont des espèces de feuillus qui se rencontrent dans la forêt pluviale côtière.
Faune
Poissons
Migration de saumons
Il peut sembler inhabituel de considérer les poissons comme des espèces vivant dans les forêts. Néanmoins, les poissons, par exemple les cinq espèces sauvages de saumons du Pacifique, comme le saumon coho, sont des éléments très importants de la forêt pluviale tempérée côtière. La forêt soutient certaines des plus grandes montaisons de saumons du Pacifique sauvages restantes dans ses rivières et ses ruisseaux. Les saumons naissent en eau douce et migrent en descendant le courant des rivières jusqu'à l’océan où ils passent la majeure partie de leur vie adulte. Ils reviennent en eau douce pour frayer et mourir, transportant des éléments nutritifs de l'océan à la terre. Les carcasses de saumons morts dans les ruisseaux, les rivières et les lacs fournissent des engrais et des sels nutritifs aux plantes environnantes. En outre, les poissons introduits à l’intérieur des terres par les carnivores et les charognards contribuent à la diffusion de ces substances dans d'autres parties de la forêt. Les saumons constituent une importante source de nourriture pour de nombreuses espèces de la forêt pluviale. En effet, les études menées sur ce sujet montrent que les variations de populations de saumons ont des répercussions sur de nombreuses autres populations animales.
Oiseaux
Pygargue à tête blanche au nid
De nombreuses espèces d'oiseaux peuplent la forêt pluviale tempérée côtière toute l'année ou pendant une période spécifique, par exemple pendant leur reproduction, l’hivernage ou leur migration.
Le Pygargue à tête blanche est l’un des oiseaux les plus remarquables de la forêt pluviale côtière. En effet, l’essentiel de la population canadienne d’oiseaux nicheurs de cette espèce se trouve le long de la côte de la Colombie-Britannique. Les Pygargues à tête blanche construisent leur nid dans les couverts des grands arbres. Étant donné que l'eau où ils trouvent leur nourriture ne gèle pas l’hiver, de nombreux individus demeurent dans la forêt pluviale toute l'année. Les carcasses de saumon sont la principale source de nourriture de l’espèce, mais des oiseaux aquatiques et des petits ou jeunes mammifères (comme des ratons laveurs et des lièvres), que le pygargue peut prendre vivants ou trouver morts, font aussi partie de son menu.
Les Grands corbeaux vivent également toute l'année dans la forêt pluviale côtière, et sont des mangeurs opportunistes. Ils peuvent manger une variété d'aliments en furetant ou en chassant dans les nids, dans les flaques intertidales, etc. Les corbeaux sont responsables d'une partie de la dispersion des éléments nutritifs océaniques dans la forêt par le déplacement des restes de saumons depuis les sources aquatiques vers l’intérieur des terres.
Grue du Canada
Les Grues du Canada ne passent que leur saison de reproduction dans la forêt pluviale, mais dans les arbres plus courts et plus isolés des tourbières et des marais mal drainés, où elles sont protégées des prédateurs. Ce sont des oiseaux fouisseurs opportunistes qui se nourrissent d’une variété d'aliments, comme des plantes, des graines, des souris, des serpents, des insectes et d’autres invertébrés trouvés dans les terres humides autour de leurs nids.
La Petite nyctale de la sous-espèce brooksi ne se trouve que dans quelques îles de l'archipel Haïda Gwaii, une série d'îles au large de la côte nord de la Colombie Britannique, et n'est pas une espèce migratrice. L'habitat de reproduction préféré de cette espèce semble être les forêts matures et anciennes. Elle vit dans des chicots et des cavités préexistantes dans le bois mort. Elle est considérée comme une espèce Menacée au Canada en vertu de la Loi sur les espèces en péril (LEP).
Arlequin plongeur
En raison de sa proximité avec l'océan, même les oiseaux marins trouvent des zones de nidification convenables dans la forêt pluviale côtière. Le Guillemot marbré est l’un de ces oiseaux. Les Guillemots marbrés nichent dans les arbres de la forêt ancienne dans une obscurité quasi totale, bien que ceux qui pêchent et naviguent le long de la côte de la Colombie-Britannique au printemps et en été (quand les oiseaux nichent) les voient souvent sur l'eau où ils se nourrissent. Les Guillemots marbrés ne viennent à terre que pendant la saison de reproduction, pour pondre et incuber un œuf, et ne retournent secrètement nourrir leur oisillon qu’une fois par jour, juste avant l'aube. Leur plumage brun constitue un bon camouflage et rend leur repérage difficile, aussi l'obscurité de la forêt pluviale est-elle idéale pour leur nidification. Cet oiseau est considéré comme Menacé au Canada en vertu de la LEP.
Le Cygne trompette, l'Arlequin plongeur et d’autres espèces d’oiseaux aquatiques passent l'hiver dans les criques et les estuaires abrités bordant la forêt pluviale. D’autres espèces d'oiseaux migrateurs de rivage, des oies et des canards, passent également du temps dans ces estuaires lors de leur migration.
Mammifères
Cerf à queue noire
La forêt pluviale fournit un habitat idéal aux petits mammifères, comme les campagnols et les martres, car elle contient de nombreuses cachettes qui les protègent des prédateurs. Certains grands herbivores, comme le cerf à queue noire, se trouvent toute l'année dans la forêt pluviale côtière, bien que certains migrent en bas des montagnes en hiver. Ils survivent à l'hiver en mangeant le feuillage des conifères et des lichens. Certains grands carnivores chassent aussi leurs proies en utilisant l'ombre des arbres comme couverture.
Le grizzli solitaire est l’un des mammifères les plus redoutés de la faune canadienne. C’est cependant l’un des plus méconnus. Bien qu'ils soient souvent considérés comme carnivores, les grizzlis sont généralement omnivores, et mangent une grande variété d'aliments. Dans l'ensemble, ils dépendent de la végétation pour l’essentiel de leur régime alimentaire, les plantes composant 80 à 90 % de leur alimentation. Cependant, ils complémentent cette alimentation de mammifères comme le cerf et de saumon migrateur. Ils ont mis au point toute une technique pour pêcher les saumons dans les rivières à l'aide de leurs pattes et ils peuvent en manger jusqu'à 10 kg par jour pendant l'automne. Par l’intermédiaire de leur urine et de leur matière fécale, les grizzlis dispersent les graines des baies et des plantes dont ils se nourrissent et certains nutriments tirés de leur régime alimentaire à base de poissons. Les grizzlis ne sont pas des mangeurs soignés – ils ne consomment souvent que les organes les plus nutritifs et laissent des morceaux de saumon derrière, ce qui est parfait pour les charognards. Ils établissent souvent la tanière où ils hibernent à la base d’énormes arbres creux et dans des cavités préexistantes.
Ours noir, variétés noire et Kermode (blanche)
L'ours noir est une espèce d’ours plus commune vivant dans la forêt pluviale. L'un des animaux emblématiques de la forêt pluviale côtière est une variété blanche d'ours noir appelée « ours Kermode » ou « ours esprit ». Ces ours sont beaucoup plus répandus sur quelques îles situées au large de la côte de la Colombie-Britannique qu’à tout autre endroit. Cette couleur particulière est transmise par les parents et est causée par des gènes récessifs. Un ours est de couleur blanche seulement quand deux copies du gène en question est présent dans son génome. Ceci fait en sorte que ces ours demeurent rares, même sur ces îles : environ 10 pour cent des ours noirs y sont blancs, pour un total d'environ 500 ours. Ces ours sont omnivores et sont également de gros consommateurs de saumon. En effet, les recherches indiquent que cette coloration blanche pourrait être une aide pour la pêche des saumons, car il se peut que les ours ne soient pas aussi visibles pour les poissons. L'absence des grizzlis, l’un des prédateurs des ours noirs, sur les îles où vivent les ours Kermode, a aussi probablement contribué à l’augmentation de la fréquence des ours blancs, étant donné que ces derniers peuvent y survivre en étant moins camouflés (leur couleur blanche les rend probablement plus visibles sur terre).
Des meutes de loups gris habitent également la forêt pluviale côtière, au moins pendant les mois d'automne et d'hiver, lorsque certains descendent des montagnes. Ils se nourrissent généralement de grands herbivores, comme des cerfs, mais sur la côte ils sont connus pour manger du saumon et d’autres proies marines au cours de l'automne, ce qui les différencie des autres populations de loups gris. Les loups gris côtiers se trouvent généralement à proximité des estuaires et des rivières où les saumons et les cerfs constituent des proies facilement disponibles.
Reptiles et amphibiens
Rainette du Pacifique
La forêt pluviale abrite plusieurs espèces d'amphibiens comme la salamandre pommelée, la rainette du Pacifique, la grenouille à pattes rouges et la grenouille-à-queue côtière, ces deux dernières espèces étant inscrites comme Préoccupantes en vertu de la LEP. Les grenouilles et les salamandres peuvent trouver de nombreuses zones humides d'eau douce, rivières et ruisseaux pour se reproduire, et l'humidité ambiante fait de la forêt pluviale un habitat idéal.
Les reptiles ne sont pas aussi communs, étant donné que beaucoup ont besoin de la chaleur du soleil et de conditions plus sèches.
Limace terrestre
Invertebrés
La grande majorité des espèces fauniques trouvées dans la forêt pluviale côtière sont des bactéries, des champignons et des invertébrés, comme des insectes, des araignées, des chilopodes et des limaces. Certains contribuent à la décomposition de la matière organique en la transformant en sol et sont très importants pour l'écosystème. Certaines de ces espèces sont facilement reconnaissables, comme la limace terrestre, qui est souvent d’un vert jaunâtre vif. Certains des invertébrés de la forêt pluviale sont des espèces en péril, comme la limace-sauteuse dromadaire, qui est Menacée.
Perturbations et menaces
Hétérodermie maritime
La forêt pluviale côtière abrite de nombreuses espèces en péril, des mousses et des fougères aux grands mammifères. Certaines de ces espèces sont endémiques, ce qui veut dire qu’elles ne se trouvent que dans cette zone. Ceci les rend bien entendu particulièrement vulnérables aux menaces. De nombreuses menaces ont valu à des espèces d’être inscrites comme Préoccupantes, Menacées, En voie de disparition ou Disparues du Canada (une espèce qui a disparu du Canada, mais qui existe ailleurs) en vertu de la LEP, ou que le COSEPAC les évalue comme telles. Lorsqu'une espèce est en péril, l'ensemble de l'écosystème peut en souffrir. Toutes les espèces de la forêt pluviale côtière ont un rôle et une fonction qui peuvent être très spécifiques, de sorte que l'ensemble du système pourrait devenir vulnérable.
Même si une bonne partie de la forêt pluviale côtière canadienne est protégée, la dégradation et la perte des habitats constituent la principale menace pour ses habitants. Cette disparation des habitats peut être due aux pratiques forestières, à l'urbanisation ou à la conversion des terres pour l'agriculture. De plus, lorsqu'une parcelle de forêt est divisée sous l’effet de certaines de ces menaces, l'habitat de certaines espèces devient fragmenté, ce qui peut entraîner davantage de problèmes. Environ 30 pour cent de la forêt pluviale côtière ont été exploités et reboisés et deux pour cent ont été convertis en terres agricoles et en zones urbaines. Les pratiques de gestion forestière comme l’exploitation forestière et la sylviculture pourraient avoir un impact sur certains habitants des forêts pluviales, y compris sur des espèces spécialisées comme la Pseudocyphellie des forêts surannées qui est endémique à certains types de forêts pluviales côtières. Le reboisement après une coupe à blanc donne naissance à une communauté d'arbres qui ont tous le même âge et peut créer un espace qui ne convient qu’à un nombre limité d'espèces sauvages. À moins qu'une variété d'arbres d'espèces, de tailles et d’âges différents puisse être maintenue, un reboisement uniforme peut entraîner une diminution de la population de certaines espèces. L'érosion et la présence de sédiments dans l'eau causant de l’envasement, qui peuvent être causées par l'exploitation forestière, le défrichement, la construction et l'entretien de routes, l'agriculture et d’autres projets de développement sont également un problème. Certains poissons nécessitent des eaux claires et fraîches, de sorte que les changements apportés à la qualité de l'eau peuvent devenir une menace. Dans certaines zones où la forêt a cédé la place à des pelouses, des maisons, des industries et des rues, l'habitat devient impropre à la plupart des espèces de la forêt pluviale, comme l’hétérodermie maritime. Cela peut être un problème pour les espèces qui ne se développent que dans des types d'habitat spécifiques.
Grizzli
Les changements climatiques sont également une menace pour la forêt. Les changements des températures ambiantes et des précipitations risquent fort d'entraîner une augmentation de l'intensité et du nombre des tempêtes, des infestations d'insectes, des feux de forêt et de la sécheresse. Ces effets peuvent nuire à la végétation et aux cours d'eau de la forêt pluviale. Par exemple, une diminution de l'humidité en raison de la sécheresse peut être un problème, car la plupart des habitants de la forêt pluviale sont adaptés à la vie dans une zone fortement humide.
L’introduction d'espèces exotiques et envahissantes dans la forêt pluviale est un problème pour certaines espèces en péril ou pour l'écosystème. Un champignon appelé rouille vésiculeuse du pin blanc, qui cible les semis des conifères, a gravement modifié la structure forestière dans certaines zones. Certaines plantes exotiques et envahissantes, comme la ronce discolore, le lierre, le genêt à balais et la renouée constituent également des menaces potentielles. Si des espèces sont introduites dans les îles, la menace qu'elles représentent peut devenir encore plus grande, étant donné que certaines des espèces indigènes ne peuvent pas se déplacer. Tel est le cas du Guillemot à cou blanc. Cet oiseau marin est chassé sur son site de nidification par des prédateurs introduits, comme les rats et les ratons laveurs, et leurs populations ne sont pas adaptées à cette pression. Les cerfs de l'archipel Haïda Gwaii constituent un autre exemple d'espèce introduite. Ces herbivores ont des répercussions sur les sous-bois et menacent la régénération des cèdres, modifiant par conséquent l'écosystème.
Les espèces de saumons indigènes ne sont pas seulement menacées par les changements climatiques, l’envasement et les espèces exotiques : la surpêche commerciale a également généré une tension pour certaines espèces. Les saumons de l'Atlantique échappés des exploitations piscicoles pourraient également constituer une menace. Étant donné que les saumons constituent un aliment de base pour de nombreux habitants de la forêt pluviale, un déclin de leurs populations pourrait avoir des effets sur cet écosystème.
Actions
Totems des Premières Nations
La forêt pluviale côtière est également très importante pour les humains. Par exemple, cet écosystème est de première importance pour les peuples des Premières Nations y habitant. Nous avons besoin de certaines de ses ressources, comme le bois, pour construire nos maisons et fabriquer des produits à base de papier. Nous aimons aussi profiter de la forêt pluviale pour randonner, pêcher, camper et observer la faune. Certaines des espèces de plantes qui se trouvent dans la forêt pluviale comportent même des qualités médicinales. Pour ces raisons, et compte tenu des centaines d'espèces qu'il abrite, il est essentiel de conserver cet important écosystème.
Environ 19 pour cent de l'écozone maritime du Pacifique, qui abrite la forêt pluviale côtière, sont protégés par la province de la Colombie-Britannique ou par le gouvernement du Canada. Une partie de la forêt est protégée par des parcs nationaux, comme Gwaii Haanas et Pacific Rim, et des parcs provinciaux, comme Cape Scott et Brooks Peninsula.
D’autres organisations, aux côtés des communautés des Premières nations, ont également travaillé ensemble pour protéger une partie de la forêt pluviale : la Great Bear Rainforest de Colombie-Britannique est la plus grande forêt pluviale tempérée côtière intacte qui demeure dans le monde, avec une superficie de 64 000 km2. En dehors des terres protégées, une bonne partie des 55 pour cent de forêts anciennes ne sont pas zonées pour l'exploitation forestière, ce qui signifie que ces parcelles sont peu susceptibles d'être modifiées. En effet, les côtes du nord et du centre de la Colombie-Britannique, avec l'archipel Haïda Gwaii, comportent le plus fort pourcentage de zones protégées et de forêts anciennes au Canada.
Même dans les zones accessibles à l'industrie forestière, les pratiques de gestion sont écosystémiques, afin de préserver la biodiversité, la structure et les fonctions de la forêt. Cela signifie que tout en continuant de se reposer sur les ressources forestières, les coupes s’efforcent d’exposer le moins possible la forêt aux perturbations. L’aménagement et la gestion des ressources de la forêt pluviale doivent reconnaître et honorer les titres et les droits à la terre des Premières Nations. Les Premières Nations ont compté sur la forêt pluviale pendant des générations, et prennent une part très active dans sa conservation.
Les espèces en péril inscrites à l’Annexe 1 de la Loi sur les espèces en péril (LEP) bénéficient de protection en vertu de la Loi. Pour plus d’information, veuillez consulter la section La LEP et vous sur le Registre public des espèces en péril.
Des groupes de chercheurs, des représentants des Premières Nations et de l'industrie de la pêche ainsi que des bénévoles se sont rencontrés pour discuter et établir une planification assurant que les stocks de saumon du Pacifique demeurent sains et diversifiés. En outre, la Loi sur les pêches fédérale fait autorité en matière de gestion et de réglementation des poissons et de leurs habitats. À l'avenir, il sera très important de poursuivre la surveillance et l’adaptation des pratiques de foresterie et de pêche, et de veiller à ce que les principes de gestion écosystémiques soient respectés. Il s'agit de la meilleure façon de s'assurer que la forêt pluviale tempérée côtière demeure saine.
Ce que vous pouvez faire
Il y a des gestes simples que n'importe qui peut faire pour contribuer à la conservation de la forêt pluviale côtière du Canada!
- À domicile et au travail, exigez et utilisez des produits forestiers respectueux du climat tels que du bois et du papier provenant de sources durables certifiées. Réutilisez et recyclez autant que vous le pouvez.
- Lorsque vous visitez la forêt pluviale ne laissez pas de trace! Marchez sur les sentiers désignés, ne laissez aucun déchet, limitez la taille de vos feux de camp et éteignez-les avant de partir.
- Afin d’éviter le transport de semences et d’espèces envahissantes dans la forêt pluviale, enlevez le sol et les débris de vos chaussures, bas de pantalons et véhicules avant de pénétrer dans l'écosystème.
- Observez la faune à distance et ne remportez que des photos et des souvenirs!
Réviseurs scientifiques
Andy MacKinnon, FPI
Ministère des forêts, Gouvernement de la Colombie-Britannique
Dr. J. A. (Tony) Trofymow
Ressources Naturelles Canada
Paul Bavis, FPI
Western Forest Products Inc.
Dr. Yuri Zharikov
Parcs Canada
Ressources
Resources en ligne
Le Registre public de la Loi des espèces en péril
https://www.canada.ca/fr/environnement-changement-climatique/services/registre-public-especes-peril.html
Parc national Pacific Rim
https://www.pc.gc.ca/fr/pn-np/bc/pacificrim
La réserve de biosphère de Clayoquot Sound
http://biospherecanada.ca/fr/biosphere-reserves/clayoquot-sound-biosphere-reserve/
Service canadian des forêts
https://www.rncan.gc.ca/nos-ressources-naturelles/forets/13498
Le projet de chornoséquence de la forêt côtière de Ressources naturelles Canada
http://scf.rncan.gc.ca/projets/75?lang=fr_CA
Plus d'informations sur les produits à base de papier et de bois d’œuvre certifiés canadiens :
https://ca.fsc.org/fr-ca
https://www.sfiprogram.org/ (en anglais seulement)
http://www.fpac.ca/fr/
Ressources imprimées
Les forêts du Canada
Ken Farr
Fitzhenry and Whiteside Limited, Markham, 2003
© Sa Majesté la Reine du chef du Canada, représentée par le ministre de l’Environnement, 2010. Tous droits réservés.
Texte: Annie Langlois