Les bienfaits des espèces sauvages
Les espèces sauvages :
- font partie des activités de 91 p. 100 de la population canadienne, soit environ 19 millions de personnes
- jouent un rôle crucial dans les processus écologiques et biologiques essentiels à la vie
- jouent un rôle de premier plan dans la mise au point de la plupart des produits pharmaceutiques
- jouent un rôle important dans l’économie canadienne
Dans notre vie
L’importance des espèces sauvages pour les gens
Nous, les Canadiennes et les Canadiens, aimons les espèces sauvages et savons les apprécier. Elles évoquent chez nombre d’entre nous des images émouvantes qui nous aident à définir le caractère profond de notre pays : le cri d’un plongeon dont l’écho se répercute sur les rives d’un lac solitaire, la puissance et la majesté d’un ours polaire, le vol des Bernaches du Canada groupées en V, qui tournoient dans le ciel. Le fait de connaître les espèces sauvages est une expérience qui enrichit notre vie.
Les humains, pour des raisons émotives et sociales importantes, éprouvent de temps à autre l’envie d’être en contact avec la faune et la nature. Nous avons tous besoin de refaire nos énergies et de sortir prendre l’air. Certains vont simplement faire une promenade dans un parc ou installent dans leur cour une mangeoire pour les oiseaux; d’autres choisissent des passe-temps plus actifs comme la randonnée pédestre, la chasse, le canotage ou la photographie de plantes et d’animaux sauvages.
La qualité de ces expériences dépend directement de la qualité des espèces sauvages et de leurs habitats.
Nous commençons à découvrir que les espèces sauvages ne sont pas seulement une source de plaisir personnel, si intense et si important soit-il. Nous comprenons maintenant que la santé de nos espèces sauvages est un excellent indice de l’état de santé du milieu dont nous dépendons, et que des populations et des habitats fauniques sains jouent un rôle important dans notre bien-être socioéconomique.
Depuis toujours, les Inuits se nourrissent de la viande du bœuf musqué, confectionnent de chaudes couvertures avec sa peau et fabriquent des outils et des armes avec ses cornes. Cet animal, également source d’inspiration spirituelle, leur a, par exemple, donné la chanson du chasseur.
Il est relativement facile de reconnaître la valeur directe des espèces sauvages pour les Autochtones du Canada, qui sont souvent tributaires de la nature pour se nourrir, se vêtir et se procurer un revenu. Certaines populations autochtones du Canada tirent, directement de la chasse, de la pêche et du piégeage, plus de la moitié de leurs revenus, tandis que la cueillette dans les bois peut répondre à une grande partie de leurs besoins alimentaires. Les espèces sauvages occupent également une place prépondérante dans les arts, les légendes et les cérémonies des Autochtones. Les périodes de migration saisonnière des animaux sauvages peuvent être des moments intenses de rituel et de renouveau pour les collectivités.
Même si, contrairement aux Autochtones, la majorité des Canadiennes et des Canadiens ne tirent pas directement leur subsistance des espèces sauvages, celles-ci jouent un très grand rôle dans leur vie. De tout temps, ces espèces ont inspiré artistes, musiciens, danseurs, dramaturges, conteurs et poètes, et notre imaginaire spirituel leur réserve une place de choix, ne serait-ce que parce qu’elles nous rappellent la complexité et les merveilles du monde qui nous entoure. Les oiseaux, par exemple, soulèvent l’intérêt de millions de Canadiennes et de Canadiens, jeunes et vieux, qui installent des mangeoires et achètent des mélanges spéciaux de graines à leur intention et qui sont prêts à leur consacrer gratuitement temps et efforts. Ainsi, d’un océan à l’autre, plus de 10 000 personnes bravent les rigueurs de l’hiver pour prendre part au Recensement des oiseaux de Noël, un dénombrement annuel visant à déterminer le nombre et les espèces d’oiseaux qui hivernent au Canada.
Statistique Canada effectue, pour le Service canadien de la faune (SCF) et ses organismes homologues provinciaux, une vaste enquête nationale sur l’importance des espèces sauvages. Ainsi, des Canadiennes et des Canadiens âgés de 15 ans et plus sont invités à répondre à des questions sur l’importance qu’ils attachent à la santé et à l’abondance des populations fauniques, sur leur participation à des activités reliées aux espèces sauvages et sur les dépenses connexes à ces activités. On a procédé à ce genre d’enquête en 1981, en 1987 et en 1991. Des questions sur la pêche récréative ont été ajoutées en 1987 et en 1991.
Le SCF a publié les résultats de la dernière enquête en 1993 et en 1994. Ainsi, on a pu apprendre que la grande majorité des Canadiennes et des Canadiens (86 p. 100 de la population) estiment qu’il est important de conserver des populations fauniques abondantes et de protéger les espèces menacées ou en déclin (83 p. 100 de la population). Les activités associées aux espèces sauvages aquatiques et terrestres sont une forme populaire de loisirs pour la plupart des Canadiennes et des Canadiens. En fait, 91 p. 100 des personnes interrogées, soit quelque 19 millions de Canadiennes et de Canadiens, se sont adonnées à la pêche récréative ou à une forme ou à une autre d’activités reliées aux espèces sauvages. En outre, la plupart de ces répondants (73 p. 100) ont pris part à deux activités ou plus pendant l’année.
Autres résultats :
- 14,5 millions de Canadiennes et de Canadiens (70 p. 100 de la population) ont participé à des activités reliées aux espèces sauvages près de leur domicile ou de leur chalet, comme nourrir, observer, étudier ou photographier des animaux sauvages; quelque 6,6 millions de personnes ont donné des aliments spéciaux aux espèces sauvages;
- 3,9 millions de personnes ont entrepris expressément des voyages ou des excursions d’intérêt faunique;
- 1,5 million de Canadiennes et de Canadiens se sont adonnés à la chasse;
- 5,5 millions de Canadiennes et de Canadiens se sont livrés à la pêche récréative;
- 1,9 million de Canadiennes et de Canadiens ont adhéré ou fait des dons à des organismes voués aux espèces sauvages;
- 17,7 millions de Canadiennes et de Canadiens (85 p. 100 de la population) ont pris part à des activités comme le visionnement de films ou d’émissions de télévision traitant des espèces sauvages, la lecture de livres et de magazines portant sur les espèces sauvages, la visite de jardins zoologiques, de fermes d’élevage de gibier, d’aquariums ou de musées d’histoire naturelle, ou encore l’achat d’objets d’art et d’artisanat ou d’affiches ayant les espèces sauvages pour thème.
Ces données montrent bien la fascination qu’exercent les espèces sauvages sur les Canadiennes et les Canadiens. Les activités qui dépendent des espèces sauvages sont d’une importance capitale dans la vie de tous les jours d’une très grande majorité de la population du Canada.
Quant aux processus naturels
L’importance des espèces sauvages pour les processus naturels
Les espèces sauvages et leurs habitats jouent un rôle crucial dans les processus écologiques et biologiques essentiels à la vie même. Le fonctionnement de la biosphère et, par conséquent, le maintien et l’amélioration de la vie humaine dépendent d’innombrables interactions entre les plantes, les animaux et les microorganismes.
Ces processus écologiques sont indispensables à l’agriculture, à la foresterie, aux pêches ainsi qu’à d’autres activités inhérentes à la vie humaine. Ils contribuent aussi au maintien de la qualité de l’environnement en dégradant ou en éliminant certains polluants et en empêchant l’accumulation des déchets.
Parmi les processus biologiques dans lesquels les espèces sauvages jouent un rôle de premier plan, on compte la pollinisation, la germination, la dispersion des graines, la régénération du sol, le cycle des nutriments, la prédation, la conservation des habitats, la décomposition des déchets et la lutte contre les ravageurs. Les oiseaux, par exemple, peuvent jouer un rôle important dans la lutte contre les insectes ravageurs. Le Gros-bec errant, grand amateur des larves d’un ravageur important des forêts de résineux, la tordeuse des bourgeons de l’épinette, est l’un des oiseaux chanteurs les plus utiles. Des études ont mis en lumière le rôle du Pic chevelu et du Pic mineur dans la lutte contre la pyrale de la pomme dans les vergers de Nouvelle-Écosse.
Pour la science, l’agriculture et la médecine
L’importance des espèces sauvages pour la science, l’agriculture et la médecine
Des études menées en Nouvelle-Écosse ont permis de démontrer que les pics détruisent jusqu’à 90 p. 100 des larves de la pyrale de la pomme, qui hivernent sous l’écorce des pommiers.
Les espèces sauvages et leurs habitats sont en outre importants pour la protection de la diversité génétique. Au Canada, les secteurs de l’agriculture, des forêts et des pêches sont tributaires de récoltes ou de stocks qui sont adaptés aux conditions locales ou régionales et qui peuvent résister aux ravageurs, aux maladies, aux prédateurs, aux polluants et à d’autres menaces. Grâce à la diversité génétique présente dans les ressources vivantes du patrimoine canadien, les forêts, les cultures et les stocks de poissons dont dépendent les citoyens de notre pays demeurent assez variés et résistants pour contrer les menaces de plus en plus nombreuses.
De même, en médecine, la mise au point de nouveaux médicaments et traitements dépend en grande partie des espèces sauvages et de leurs habitats. En fait, la plupart des produits pharmaceutiques n’ont pas été inventés d’après les principes de la chimie : ils ont été découverts ou mis au point grâce à l’étude des espèces sauvages.
Beaucoup de médicaments modernes contiennent un ou plusieurs ingrédients tirés d’une plante ou d’un animal sauvage. L’aspirine est un exemple bien connu. Ce médicament a pour ingrédient actif la salicine, une substance présente dans l’écorce du saule. Autre exemple plus récent : le taxol, un composé dérivé de l’écorce de l’if occidental, que l’on trouve dans les vieilles forêts de la Colombie-Britannique. Le taxol, qui s’attaque aux cellules cancéreuses uniquement, est utilisé dans le traitement de divers types de cancers. Selon les traditions autochtones et populaires et d’après des sources de la médecine moderne, 38 des 134 essences d’arbres indigènes du Canada ont une ou plusieurs utilisations médicales.
Qui sait, peut-être la grenouille sera-t-elle un jour la source de médicaments extraordinaires. Des chercheurs d’Australie, du Japon et des États-Unis ont découvert de nombreux usages médicaux à des composés tirés des sécrétions de grenouilles; un analgésique 200 fois plus puissant que la morphine et qui ne crée pas de dépendance, des antibiotiques, un traitement possible contre la schizophrénie et une colle naturelle qui pourrait remplacer les points de suture après les interventions chirurgicales. La nature est, en fait, une vaste armoire à pharmacie.
Relativement à l’économie canadienne
L’importance des loisirs axés sur les espèces sauvages pour l’économie canadienne
Tous les printemps, les oiseaux chanteurs migrateurs attirent des milliers de visiteurs au parc national de la Pointe-Pelée, dans le Sud de l’Ontario. Près de 40 espèces de parulines aux couleurs vives séjournent dans ce parc et y attirent des milliers d’observateurs qui dépensent près de 6 millions de dollars chaque année pour s’y rendre, se loger, se nourrir et se procurer du matériel. Ces visiteurs contribuent pour beaucoup à l’économie locale. Chaque automne, le Cap Tourmente, dans le Sud du Québec, accueille plus de 90 000 personnes qui vont observer les Oies des neiges. Il en résulte des emplois saisonniers et un apport non négligeable à l’économie de la région. On constate une situation similaire là où l’observation des baleines, des ours polaires ou des oiseaux de mer est devenue une attraction touristique.
Ce ne sont là que quelques exemples de l’importance des espèces sauvages pour les économies locales. Si l’on calcule à l’échelle nationale les dépenses connexes aux activités reliées aux espèces sauvages aquatiques et terrestres, comme dans l’enquête de Statistique Canada mentionnée dans L’importance des espèces sauvages pour les gens, les chiffres sont impressionnants. En 1991, les Canadiennes et les Canadiens ont consacré 8,3 milliards de dollars à ces activités. Cette somme englobe toutes les dépenses allant des droits des permis de chasse et de pêche aux jumelles pour l’observation des oiseaux, en passant par les vêtements de plein air, le transport et l’hébergement. L’essor économique suscité par ces dépenses s’est traduit par le maintien de 188 000 emplois, un apport de 10,2 milliards de dollars au produit intérieur brut et des recettes fiscales d’une valeur de 4,6 milliards de dollars sur l’ensemble du territoire canadien. Le tableau montre la ventilation de ces sommes par province.
Les sommes dépensées par les touristes étrangers attirés par nos espèces sauvages sont également profitables pour l’économie canadienne. Par exemple, selon une étude du Bureau de recensement des États-Unis, les espèces sauvages aquatiques et terrestres de notre pays a attiré, en 1991, près de 2 millions d’Américaines et d’Américains qui ont dépensé chez nous 842 millions de dollars. Ce montant vient s’ajouter à la valeur des retombées économiques de source canadienne indiquées dans le tableau.
Retombées économiques des dépenses faites en 1991 par les Canadiennes et les Canadiens à des activités récréatives
Dépenses faites par les résidents |
Emplois maintenus |
Contribution au produit intérieur brut |
Contribution aux recettes fiscales des gouver- nements |
Contribution aux recettes fiscales des gouvernements |
Canada |
8,3 milliards de dollars |
187 791 emplois* |
10,2 milliards de dollars* |
4,6 milliards de dollars* |
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Colombie-Britannique |
1 493 M$ |
30 495 emplois |
1 615 M$ |
373 M$ |
Alberta |
1 159 M$ |
24 383 emplois |
1 336 M$ |
178 M$ |
Saskatchewan |
326 M$ |
7 053 emplois |
312 M$ |
74 M$ |
Manitoba |
261 M$ |
7 371 emplois |
344 M$ |
76 M$ |
Ontario |
3 038 M$ |
71 997 emplois |
4 155 M$ |
769 M$ |
Québec |
1 525 M$ |
43 880 emplois |
2 202 M$ |
512 M$ |
Nouveau-Brunswick |
179 M$ |
3 674 emplois |
186 M$ |
46 M$ |
Nouvelle-Écosse |
147 M$ |
3 937 emplois |
180 M$ |
43 M$ |
Île-du-Prince-Édouard |
13 M$ |
574 emplois |
19 M$ |
5 M$ |
Terre-Neuve-et-Labrador |
198 M$ |
3 256 emplois |
171 M$ |
70 M$ |
NOTA : Selon l’Enquête nationale de 1991 sur l’importance des espèces sauvages pour les Canadiennes et les Canadiens. Pour des données plus détaillées, prière de consulter Filion et al., 1994, sous la rubrique « Ressources » ci-après.
* L'écart entre le total des retombées sur l'économie des provinces et celui établi pour le Canada s'explique du fait que Statistique Canada utilise, pour l'établissement de ses statistiques nationales, un modèle d'entrées-sorties différent de celui utilisé pour les statistiques provinciales, et que la somme des revenus gouvernementaux tirés des taxes et des impôts divers, établie pour le Canada, comprend les taxes et les impôts fédéraux et provinciaux.
Des avantages durables
Les innombrables avantages que présentent les espèces sauvages pour les gens et pour l’économie sont une raison de plus de faire en sorte que les populations d’espèces sauvages et leurs habitats demeurent productifs et sains. Toutefois, la nature est soumise à des tensions considérables. En 1994, le Canada comptait 117 espèces ou populations d’oiseaux, de mammifères, de reptiles, de poissons, d’amphibiens et de plantes menacées ou en voie de disparition. De plus, les habitats disparaissent encore plus rapidement à mesure que les terres sont asséchées, cultivées, revêtues ou exploitées à ciel ouvert, suivant l’avancement de l’industrialisation. Une des stratégies permettant de maintenir l’abondance des populations fauniques consisterait à rappeler aux gens d’affaires et aux décideurs que les ressources naturelles doivent être traitées comme un actif à conserver et à gérer pour le bien de l’humanité tout entière, un principe énoncé dans la Convention des Nations Unies sur la diversité biologique ratifiée par le Canada en 1992.
La Convention sur la diversité biologique a pour objectif « la conservation de la diversité biologique, l’utilisation durable de ses éléments et le partage juste et équitable des avantages ». On entend par diversité biologique, ou biodiversité, la gamme variée des organismes vivants de notre planète, c.-à-d. aussi bien les microbes du sol, le plancton, les grenouilles et les arbres que l’ours brun et le rorqual bleu. Les oiseaux et les mammifères que nous avons toujours considérés comme faisant partie des espèces sauvages forment une partie importante de la biodiversité. La Convention définit l’utilisation durable comme étant « l’utilisation des éléments constitutifs de la diversité biologique d’une manière et à un rythme qui n’entraînent pas leur déclin à long terme », mais qui sauvegardent « leur potentiel pour satisfaire aux besoins et aux aspirations des générations présentes et futures ». La survie de l’espèce humaine sur notre planète et l’élimination de la pauvreté à l’échelle mondiale ne seront possibles que si nous reconnaissons que le milieu naturel, ou la biodiversité, forme la base d’une économie saine. Notre prospérité économique actuelle et à venir dépendra du maintien d’un environnement sain.
Dans la perspective de l’utilisation durable, les espèces sauvages sont des ressources renouvelables qui apportent, outre de nombreux bienfaits, maints avantages socioéconomiques. Les Canadiennes et les Canadiens ont tout intérêt à traiter ces espèces et leurs habitats naturels comme des ressources précieuses et à les gérer de façon à ce que les générations à venir puissent en jouir indéfiniment.
Pour en arriver à une utilisation durable des espèces sauvages, les gouvernements, l’industrie et le grand public doivent être attentifs à leur façon de concevoir l’environnement et l’économie. Nous devons nous garder d’acheter une prospérité à court terme au détriment de la biodiversité. Il ne faut pas oublier que la valeur d’une forêt ne réside pas uniquement dans le bois que l’on peut en tirer. Un peuplement forestier, c’est aussi un habitat pour les espèces sauvages et un lieu de loisirs; il purifie l’air et prévient l’érosion, il constitue une source possible de plantes et d’animaux dotés d’importantes propriétés médicinales, et il fait partie du réseau de la biodiversité. Ces considérations écologiques ne sauraient être envisagées comme un luxe qui vient s’ajouter après coup au processus de planification. Elles doivent faire partie intégrante des politiques économiques et constituer un élément indispensable de toute proposition de développement économique.
Le Canada progresse vers son objectif de gestion durable des espèces sauvages de plusieurs façons. Par exemple, avant même que l’usage du terme biodiversité ne se répande, nos dirigeants avaient adopté une politique des espèces sauvages qui définissait ces dernières comme étant tous les organismes sauvages et leurs habitats — y compris les plantes sauvages, les invertébrés et les microorganismes aussi bien que les poissons, les amphibiens, les reptiles, les oiseaux et les mammifères qui ont toujours été considérés comme faisant partie des espèces sauvages. Un des objectifs énoncés dans Une politique des espèces sauvages pour le Canada consiste à « s’assurer que toutes les utilisations des espèces sauvages sont durables ». L’Enquête sur l’importance de la faune pour les Canadiens permet de mieux comprendre comment l’utilisation durable des espèces sauvages peut contribuer indéfiniment au bien-être des gens.
Dans les années 1970, jusqu’à 100 millions d’oiseaux aquatiques migraient chaque année du Canada vers le sud pour aller aux États-Unis et dans d’autres pays. Aujourd’hui, ce nombre a considérablement diminué, à cause principalement de la disparition des habitats au profit d’autres utilisations des terres.
La migration des canards, et des oies et bernaches nous rappelle de façon spectaculaire le rythme des saisons. En 1991, environ 394 000 Canadiennes et Canadiens ont chassé la sauvagine tandis que 5,8 millions de personnes ont eu le plaisir de l’observer. Quelque 30 000 emplois dépendent des activités associées à la sauvagine, comme le tourisme, la chasse et l’observation des oiseaux. C’est pourquoi des valeurs socioéconomiques considérables sont en jeu lorsque les populations de sauvagine diminuent.
Conscients de l’importance de conserver ces avantages, le Canada et les États-Unis ont convenu, en 1986, d’un Plan nord-américain de gestion de la sauvagine. Ce projet ambitieux vise la reconstitution des effectifs de la sauvagine et prévoit à cette fin la protection et la remise en état des milieux humides et des prairies dont les canards, les oies et bernaches, et les cygnes ont besoin pour s’accoupler, nicher et migrer. Le Mexique a adhéré à ce plan en 1994. Une partie importante du plan a pour but d’aider les propriétaires fonciers à aménager leurs terres d’une manière avantageuse pour eux-mêmes et pour la sauvagine. Par exemple, les agriculteurs des Prairies accroissent maintenant la production de bovins de boucherie et favorisent du même coup la nidification de la sauvagine en morcelant les pâturages et en y faisant paître les bovins dans une parcelle après l’autre. De cette façon, le broutage n’est pas excessif, le bétail prend plus de poids, et la sauvagine et les autres animaux peuvent utiliser d’autres parties du pâturage sans être dérangés. D’autres pratiques agricoles favorisant les espèces sauvages consistent à retarder le moment de la récolte et à ériger des structures de nidification pour la sauvagine.
Des organismes de conservation publics et privés du Canada et des États-Unis se sont engagé à trouver les fonds nécessaires, soit 1,6 milliard de dollars, pour atteindre les objectifs du Plan d’ici 2010. Il s’agit d’une somme considérable, mais aussi d’un excellent investissement du point de vue de l’utilisation durable étant donné que l’apport de la sauvagine au produit intérieur brut du Canada atteindra annuellement plus de 1,5 milliard de dollars au cours de cette période, soit plus de 20 fois le montant investi.
Le Plan nord-américain de gestion de la sauvagine est un premier pas extrêmement important dans la bonne direction, mais nombre d’autres mesures peuvent et doivent être prises pour que l’utilisation durable devienne la norme.
L’avenir des espèces sauvages
Les Canadiennes et les Canadiens aiment les espèces sauvages pour elles-mêmes. Ils la voient comme une richesse qui ajoute couleur et variété à l’existence, qui les amène à se rendre compte de leur interrelation avec toutes les formes de vie, qui les émerveille par sa beauté, sa force et son adaptabilité. Les espèces sauvages n’ont pas toujours été considérées comme un élément important au bien-être de l’humain, mais ce dernier se rend de plus en plus compte de leurs nombreux avantages. Même d’un point de vue strictement économique, les dépenses occasionnées par la conservation des espèces sauvages se justifient. On récupère, avec intérêt, les sommes consacrées aux mesures de conservation. Comme le montre le Plan nord-américain de gestion de la sauvagine relativement aux coûts économiques, il est beaucoup plus onéreux de négliger les populations d’espèces sauvages que de les protéger. Les espèces sauvages doivent être gérées comme une ressource durable.
L’utilisation durable ne sera pas possible sans efforts, mais elle est porteuse d’un avenir prometteur à la fois pour l’économie et pour l’écologie. Elle offre aux générations futures les nombreux avantages tangibles et intangibles dont nous bénéficions actuellement grâce aux espèces sauvages.
Ressources
Ressources imprimées
BURNS, S., et J.A. KEITH. La biodiversité, La faune de l’arrière-pays (maintenant connu sous le nom de Faune et flore du pays), Service canadien de la faune, Ottawa (Ontario), 1995.
CONSEIL CANADIEN DES MINISTRES DE LA FAUNE. Une politique des espèces sauvages pour le Canada, Service canadien de la faune, Ottawa (Ontario), 1990.
FILION, F.L., et al. L’importance de la faune pour les Canadiens : Rapport sommaire de l’Enquête nationale de 1991, Service canadien de la faune. Ottawa (Ontario), 1993.
FILION, F.L., et al. L’importance de la faune pour les Canadiens : Les avantages économiques de l’utilisation récréative de la faune en 1991. Service canadien de la faune, Ottawa (Ontario), 1994.
PROGRAMME DES NATIONS UNIES POUR L’ENVIRONNEMENT. Convention sur la diversité biologique, Na. 92-5634, le 5 juin 1992, Nairobi, Kenya, 1992.
© Sa Majesté la Reine du chef du Canada, représentée par le ministre de l’Environnement, 1989, 1991, 1995. Tous droits réservés.
No de catalogue CW69-4/77-1995F
ISBN 0-662-99690-9
Texte : M. Egan, P. Logan et E. DuWors
Révision : P. Logan, 1995