Description
Le renard roux (Vulpes vulpes) est un mammifère qui ressemble à un petit chien agile et de charpente délicate; son museau et ses oreilles sont pointus, son pelage long et lustré et sa queue, grande et touffue. Le mâle est un peu plus gros que la femelle. La taille varie quelque peu d’un individu à l’autre et selon les régions; les renards roux des régions nordiques tendent à être plus gros. L’adulte pèse de 3,6 à 6,8 kg et mesure de 90 à 112 cm du bout du museau au bout de la queue, cette dernière comptant pour le tiers de sa longueur totale.
Bien qu’on l’appelle renard roux, il n’est pas toujours de cette couleur. On observe en effet plusieurs variations de couleur et parfois plus de deux teintes différentes au sein d’une même portée. La couleur de base est le roux. C’est la plus répandue et elle se présente sous diverses nuances, avec une ligne discrète d’un roux plus foncé sur le dos et un croisillon de même couleur entre les épaules. Le renard roux présente souvent les caractéristiques suivantes ou, du moins, certaines d’entre elles : pattes noires, présence de noir sur l’arrière des oreilles, museau légèrement noir, surface ventrale et gorge blanches ou de couleur plus claire, extrémité de la queue blanche et pattes gainées de blanc.
Par ailleurs, il n’est pas rare de trouver des renards bruns ou noirs. Les renards plus bruns et plus sombres ayant un croisillon foncé bien marqué entre les épaules sont parfois appelés « renards croisés ». On appelle communément « renards argentés » les renards roux dont la couleur de base est le noir et dont les jarres, plus ou moins abondants, ont des pointes blanches. Cette variété est particulièrement recherchée par les marchands de fourrures et elle faisait l’objet d’un élevage intensif à l’époque où la fourrure de renard était en vogue.
Signes et sons
En cas de danger ou pour prévenir ses congénères, le renard roux fait entendre un glapissement aigu.
Habitat et habitudes
Le domaine du renard et de sa famille couvre de 4 à 8 km2 en périphérie du terrier. Les couples peuvent se séparer durant l’hiver, particulièrement quand le gibier se fait rare, mais ils se retrouvent à la fin de l’hiver pour s’accoupler et élever leurs petits. De l’automne jusqu’en mars, les renards se terrent dans des fourrés et des broussailles denses, même pendant les jours les plus rigoureux de l’hiver.
On a fait du renard roux, particulièrement dans les contes d’enfants, un animal téméraire, rusé et fourbe alors qu’en fait, il est timide, discret et de tempérament nerveux. Il semble en outre très intelligent.
Caractéristiques uniques
Les jeunes renards parcourent de grandes distances au cours de l’automne, à la recherche d’un nouveau territoire. On a déjà repéré de jeunes mâles à 250 km de leur tanière natale.
Le renard roux utilise son odorat, sa vue et son ouïe pour chasser. Son acuité visuelle est excellente et, grâce à une ouïe très fine, il lui suffit de bouger légèrement une oreille pour localiser un lapin tapi dans sa cachette. Son odorat est également très développé : il peut sentir les terriers abritant de jeunes lapins de même que les œufs dissimulés dans les grandes herbes. Attentif au moindre bruit, il peut attendre patiemment le passage d’une souris dans les herbes ou la neige puis, quand il sent que la proie est proche, il bondit sur elle. Il lui arrive aussi de creuser pour attraper une proie qu’il a localisée à l’odeur après l’avoir entendue bouger sous terre.
Aire de répartition
Ce petit mammifère appartient à la famille des Canidés, comme le chien domestique, le coyote et le loup. Il fut un temps où les taxinomistes ( les experts qui classifient les organismes vivants), pensaient que le renard roux d’Amérique du Nord et celui du Sud de l’’Europe, plus petit, étaient deux espèces différentes. On sait aujourd’hui qu’il s’agit de la même espèce, Vulpes vulpes. Son aire de répartition couvre de façon continue l’Europe, l’Asie et l’Amérique du Nord et prend de l’expansion en Afrique du Nord et en Australie, où l’espèce a été introduite il y a un siècle par les chasseurs de renards britanniques.
Le renard roux est l’un des mammifères les plus répandus au Canada. On le trouve dans toutes les provinces et dans les territoires. Il est aujourd’hui probablement plus abondant en Amérique du Nord qu’au moment où les Européens ont commencé à coloniser le continent au XVIe siècle. Les scientifiques croient que son aire de répartition et ses effectifs se sont accrus à partir de cette époque parce que les pionniers ont agrandi son domaine vital en éclaircissant les forêts et en réduisant largement les populations de loups qui limitaient son expansion.
Alimentation
Il est probable que le renard roux consomme surtout de petits mammifères, comme des campagnols, des souris, des lemmings, des écureuils, des lièvres et des lapins, mais son régime comprend une grande diversité d’aliments, y compris des végétaux. Ce dernier varie d’une saison à l’autre : le renard roux peut se nourrir principalement de petits mammifères durant l’automne et l’hiver et compléter son alimentation, au printemps, avec des oiseaux aquatiques nicheurs, particulièrement dans les prairies, et avec des insectes et des baies en été. Il peut faire des ravages considérables dans les colonies d’oiseaux marins où il se régale d’œufs et d’oisillons; il peut aussi s’attaquer à d’autres espèces d’oiseaux.
On a observé des renards roux accompagnés de leurs renardeaux en train de se nourrir de touladis (truite de lac) pesant de 1,5 à 3 kg qu’ils capturaient en sautant directement de la berge dans un banc de poissons nageant en eaux peu profondes. Le renard se nourrit d’une foule d’autres aliments : bébés phoques, castors, reptiles, fruits de toutes sortes et ordures ménagères. Il enterre ou cache souvent des réserves de nourriture, mais il se les fait fréquemment voler.
Le renard a la triste réputation d’être un voleur de poules et, de fait, il lui arrive de se faufiler dans les poulaillers s’il peut le faire facilement et sans danger. Cependant, il compense largement ces larcins en détruisant une multitude de petits mammifères et d’insectes ravageurs des récoltes, de sorte qu’il est aujourd’hui habituellement apprécié des agriculteurs.
Comme la plupart des chiens, le renard roux utilise son odorat, sa vue et son ou?e pour chasser. Son acuité visuelle est excellente et un léger mouvement d’oreille suffit pour repérer un lapin tapi dans sa cachette. Son ou?e et son odorat sont également très développés : il peut sentir les terriers abritant de jeunes lapins de même que les œufs dissimulés dans les grandes herbes.. Attentif au moindre bruit, il peut attendre patiemment le passage d’une souris dans les herbes ou la neige puis, quand il sent que la proie est proche, il bondit sur elle. Il lui arrive aussi de creuser pour attraper une proie qu’il a localisée à l’odeur après l’avoir entendue bouger sous terre. Il chasse surtout au couchant, la nuit et au petit matin.
Reproduction
Les mâles et les femelles sont habituellement monogames (ils n’ont qu’un seul partenaire). Il arrive souvent qu’une même femelle soit courtisée par deux mâles ou plus, et l’on a déjà relevé une tanière où trois adultes s’occupaient d’une même portée de renardeaux. Le domaine du renard et de sa famille s’étend sur 4 à 8 km2 .
La saison des amours s’échelonne de la fin de décembre (dans les régions plus chaudes) à la mi-mars. Après l’accouplement, les renards cherchent une tanière convenable; il s’agit souvent d’un terrier de marmotte abandonné, mais ils peuvent tout aussi bien s’installer dans le gîte d’un autre mammifère, une caverne, un tronc d’arbre creux, un fourré dense ou un abri qu’ils creusent eux-mêmes sous les granges ou d’autres constructions. Les petites buttes dans les champs, les berges des cours d’eau, les haies et les bordures des clôtures ainsi que la lisière des forêts sont leurs lieux de prédilection. Ils tapissent les tanières creusées dans la terre avec des matières sèches, comme de l’herbe et des feuilles, pour protéger les nouveau-nés de l’humidité et du froid. Les tanières ont parfois plusieurs issues pour faciliter la fuite en cas de danger. Souvent orientées face au sud et offrant une bonne visibilité à partir de l’entrée principale, elles sont généralement aménagées dans un sol sec et sablonneux. Dans la mesure où les tanières restent en bon état, les renards peuvent les utiliser pendant bon nombre d’années. Un même couple peut disposer d’autres tanières dans le voisinage. Il arrive parfois que les renards transportent leur portée dans une autre retraite pour fuir un danger ou sans raison apparente.
La mise bas a lieu de mars à mai. La portée compte d’un à dix renardeaux, la moyenne étant de cinq. Les petits sont aveugles à la naissance et n’ouvrent les yeux qu’à la deuxième semaine. Les parents sont patients et pleins de sollicitude envers leurs petits et jouent avec eux de temps en temps. La mère en prend le plus grand soin jusqu’à ce que leurs yeux soient ouverts, période durant laquelle elle empêche habituellement le père d’entrer dans la tanière, bien qu’il chasse pour la famille. Une fois que les renardeaux ont les yeux ouverts et commencent à faire leurs premiers pas, le père garde les petits quand la mère part chasser.
À l’âge d’un mois, les renardeaux sont sevrés (ils délassent le lait maternel pour d’autres aliments) et commencent à jouer aux alentours de la tanière. À cette époque, les deux parents recommencent à chasser pour eux-mêmes et rapportent du petit gibier avec lequel les renardeaux s’amusent. Par le jeu, les petits se familiarisent avec l’odeur du gibier et apprennent comment le manger. Durant deux bons mois, les adultes les nourrissent à la tanière et leur montrent à chasser en traquant des souris ou des mulots dans les hautes herbes. Les petits s’exercent sous la surveillance des parents. Vers l’âge de trois mois, ils sont habituellement capables de se nourrir seuls et quittent la tanière chacun de leur côté.
De l’automne jusqu’en mars, les renards se terrent dans des fourrés et des broussailles denses, même pendant les jours les plus rigoureux de l’hiver. Les jeunes renards qui survivent à leur premier hiver et qui se sont trouvé un territoire peuvent s’accoupler au printemps. Les couples peuvent se séparer durant l’hiver, particulièrement quand le gibier se fait rare, mais ils se retrouvent pour s’accoupler et élever leurs petits.
Conservation
Le principal prédateur du renard roux est probablement l’être humain. Autrefois, les renards étaient considérés comme nuisibles parce qu’ils s’attaquent à la volaille et se nourrissent de gibier à plumes et de petits mammifères recherchés par les chasseurs. Les gouvernements offraient donc des récompenses et des primes aux chasseurs de renards. Cette pratique de réduction des populations de mammifères est d’une efficacité douteuse, particulièrement dans le cas du renard, qui peut donner naissance à cinq petits ou plus par année. Heureusement, la plupart des gens reconnaissent aujourd’hui que la contribution des renards à l’agriculture compense largement les dommages qu’ils causent et, généralement, on n’offre plus de récompenses pour les abattre. En outre, la valeur de la fourrure à poil long s’est considérablement accrue ces dernières années, de sorte que le renard roux rapporte beaucoup aux trappeurs.
La gestion des populations de renards roux en Amérique du Nord se limite à interdire la chasse et le piégeage de la naissance des renardeaux jusqu’au début de l’hiver, lorsque la fourrure est prête à être récoltée. On abat parfois les renards dans certaines municipalités.
Les loups, les coyotes et les chiens pourchassent les renards et peuvent même en tuer. Les combats avec les coyotes pourraient expliquer le fait que les renards se tiennent souvent près des lieux habités dans les prairies. Depuis plusieurs décennies, dans certaines régions de la Colombie-Britannique, de l’Ontario, du Québec, du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Écosse, les coyotes étendent de manière assez agressive leur aire de répartition probablement au détriment du renard roux. Le lynx roux, le loup-cervier et le couguar sont au nombre des prédateurs du renard roux. Certains autres mammifères prédateurs, comme les ours, ne sont probablement pas suffisamment agiles pour attraper des renards, à moins d’un hasard. Les aigles et les gros hiboux sont capables de les attaquer, mais ils ne semblent pas le faire.
Les renards représentent occasionnellement un grave danger pour la santé publique, particulièrement dans les régions rurales lorsque des épidémies de rage frappent les populations de mammifères sauvages. Quand l’une de ces épidémies éclate, on tente parfois de réduire les populations de renards, de ratons laveurs, de mouffettes et d’autres mammifères porteurs de la maladie. L’Ontario a remporté un certain succès en matière d’immunisation des populations de renards sauvages contre la rage grâce à des appâts contenant un vaccin, qui sont déposés près des tanières.
Comme la rage est presque toujours mortelle chez l’être humain dès l’apparition des symptômes, il faut éviter tout contact avec les renards atteints. Enragé, le renard, normalement timide et craintif, n’a plus peur des êtres humains et rôde souvent en plein jour, parfois l’écume à la bouche dans les stades avancés de la maladie. Les enfants doivent être mis en garde contre les renards hardis ou apparemment amicaux. La rage se transmet par la morsure d’un animal infecté. En cas de morsure, la plaie doit être nettoyée immédiatement et on doit voir un médecin de toute urgence. La rage est une maladie à déclaration obligatoire et doit donc être signalée au service d’hygiène animale le plus proche, habituellement à l’agent de programme vétérinaire régional de la Division de la santé animale, Direction des produits animaux de l’Agence canadienne d’inspection des aliments. Le cerveau de l’animal doit être expédié dans les plus brefs délais à un laboratoire fédéral de pathologie animale. Tout retard pourrait entraîner la mort de la victime.
Haut de la pageRessources
Ressources imprimées
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ENCYCLOPÉDIE LAROUSSE DES ANIMAUX. « Le renard roux », dans Vie sauvage, n° 29, Paris, Société des Périodiques Larousse, 1990.
WOODING, F.H. Les mammifères sauvages du Canada, La Prairie (Québec), Éd. Broquet inc., 1984, p. 80-83.
© Sa Majesté la Reine du chef du Canada, représentée par le ministre de l’Environnement, 1989, 1993. Tous droits réservés.
N° de catalogue CW69-4/5-1993F
ISBN 0-662-98185-5
Texte : J. P. Kelsall
Photo : Tony Beck